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aller aux essentiels

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L'atelier Poésie de Martine Cros


Notes de fin d'après-midi, sentiment d'être.

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 1 Avril 2018, 17:01pm

Catégories : #Roland Barthes, #D. W. Winnicott, #Jean Genet, #Carnet de notes

Source : http://www.fondation-giacometti.fr/fr/art/9/collection/13/l-atelier-de-giacometti/

Source : http://www.fondation-giacometti.fr/fr/art/9/collection/13/l-atelier-de-giacometti/

 

 

 

"En prenant ces notes, je me confie à la banalité qui est en moi."

R. Barthes (Journal de deuil)

 

 

 

Entre un petit livre court de D. W. Winnicott (La capacité d'être seul), pour moi comme une introduction si je puis dire à ses écrits, notamment à La Nature humaine (d'emblée, j'aime beaucoup sa bonté, tout comme j'aime celle de C. G. Jung, ils possèdent tous deux, oui, c'est cela, une bonté à communiquer à TOUS leur oeuvre, à la rendre intelligible), et le Journal de deuil & La Chambre claire de R. Barthes (et aussi, mais peu à peu, avec modération, La Préparation du roman), je découvre ces jours-ci en librairie un petit livre très sympathique de Jean Genet : L'atelier d'Alberto Giacometti

Cette après-midi, je lis tout en même temps, non pour comprendre en ce cas bien sûr, mais plutôt pour établir des ponts, comme j'aime à le faire entre les différents arts. Je trace ici dans ces Relevés sans rives (qui lient aux lectures  des confins inconscients, inconnus encore - cependant : je sens très bien que le chemin longe toujours le même paysage intime) ces quelques ponts, pour qui voudra les emprunter comme pour une ballade, ce à quoi je procède aussi : je me promène, je regarde l'eau couler sous les arches. Je laisse aller la sensation. Cela m'inspire. Renouvelle l'espérance comme biche en sa clairière après le départ des chasseurs. 

C'est elle, la clairière, que je (dé)peindrai. Les ponts d'aujourd'hui ont d'ailleurs enjambé un poème que je noterai peut-être sur "Bleu Mouvant de la nuit" ces jours prochains.

 

MC

 

 

 


[...]
Chaque individu est un élément isolé en état de non-communication permanente, toujours inconnu, jamais découvert en fait.
Au cours de la vie, dans l'existence, ce fait brut est adouci par l'expérience partagée qui appartient à tout le domaine de l'expérience culturelle. Au coeur de chaque personne se trouve un élément de non-communication qui est sacré et dont la sauvegarde est très précieuse. [...]
A mon avis, un élément essentiel au développement du moi se situe dans la sphère de la communication de l'individu avec des phénomènes subjectifs, car c'est uniquement cette communication-là qui donne le sentiment du réel.
Dans le cas où les circonstances sont les plus favorables possible, le développement s'effectue et l'enfant dispose alors de trois modes de communication : une communication qui ne cessera jamais d'être silencieuse, une communication qui est explicite, indirecte, et est source de plaisir, et cette troisième forme intermédiaire qui du jeu passe à la vie culturelle quelle qu'elle soit.
La communication silencieuse a-t-elle un lien avec le concept du narcissisme primaire ?
[...]





D. W. Winnicott,
"La capacité d'être seul",
Petite Biblio Payot classiques,
juin 2015,
pages 92-94


4 novembre [1977]

Vers 18h : l'appartement est chaud, doux, éclairé, propre. Je le fais ainsi, avec énergie, dévouement (j'en jouis avec amertume) : désormais et à jamais je suis moi-même ma propre mère.





10 novembre

Frappé par la nature abstraite de l'absence ; et cependant, c'est brûlant, déchirant. D'où je comprends mieux l'abstraction : elle est absence et douleur, douleur de l'absence -- peut-être donc amour ?






R. Barthes,
"Journal de deuil",
Editions du Seuil - Points / Essais,
2009,
page 46 et 52



Notes de fin d'après-midi, sentiment d'être.

 

 

 

[...] Mais à Giacometti aussi peut-être fallait-il cette inhumaine condition qui nous est imposée, pour que sa nostalgie en devienne si grande qu'elle lui donnerait la force de réussir dans sa recherche. [...] Et quand il a réussi à défaire l'objet ou l'être choisi, de ses faux-semblants utilitaires, l'image qu'il nous en donne est magnifique. Récompense méritée, mais prévisible.

 

 

Il n'est pas à la beauté d'autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu'il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde. Il y a donc loin de cet art à ce qu'on nomme le misérabilisme. L'art de Giacometti me semble vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de toute chose, afin qu'elle les illumine. 

 

 

 

 

 

 

Jean Genet, L'atelier d'Alberto Giacometti,

Photographies de Ernest Scheidegger,

Marc Barbezat / L'Arbalète éditions,

Octobre 2007,

Au début (pas de n° de pages)  

 

 

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