En écho au Scardanelli
L'été
de Friedrich Hölderlin
Der Sommer
Im Tale rinnt der Bach, die Berg an hoher Seite,
Sie grünen weit umher an dieses Tales Breite,
Und Bäume mit dem Laube stehn gebreitet,
Dass fast verborgen dort der Bach hinunter gleitet.
So glänzt darob des schönen Sommers Sonne,
Dass fast zu eilen scheint des hellen Tages Wonne,
Der Abend mit der Frische kommt zu Ende,
Und trachtet, wie er das dem Menschen noch vollende.
Mit Untertänigkeit
Scardanelli.
d. 24 Mai
1758.
P. 90
L'été
Dans la vallée coule la rivière, les monts sur leurs
hautes parois
Verdissent largement alentour sur l'ampleur de cette
vallée,
Et les arbres avec leurs feuillages se dressent déployés,
Si bien que presque cachée la rivière là-bas glisse en
contrebas.
Alors brille là-dessus le soleil du bel été,
Si bien que la joie du jour clair paraît presque se hâter,
Le soir avec la fraîcheur vient à la fin,
Et cherche comment pour l'homme parfaire encore
cela.
Avec humilité
Scardanelli.
Le 24 mai
1758.
P. 91
Der Sommer
Die Tage gehn vorbei mit sanfter Lüfte Rauschen,
Wenn mit der Wolke sie der Felder Pracht vertau-
schen,
Des Tales Ende trifft der Berge Dämmerungen,
Dort, wo des Stromes Wellen sich hinabgeschlungen.
Der Wälder Schatten sieht umhergebreitet,
Wo auch der Bach entfernt hinuntergleitet,
Und sichtbar ist der Ferne Bild in Stunden,
Wenn sich der Mensch zu diesem Sinn gefunden.
Scardanelli.
d. 24 Mai
1758.
P. 92
L'été
Les jours s'en vont avec le murmure de l'air léger,
Quand pour les nuages ils échangent le faste des champs,
Le bout de la vallée touche aux crépuscules des
montagnes,
Là-bas, où les remous du torrent s'enfoncent entrelacés.
L'ombre des forêts se montre déployée alentour,
Même où le ruisseau au loin glisse et dévale,
Et visible est l'image du lointain dans les heures
Où l'homme s'est trouvé pour cette pensée.
Scardanelli.
Le 24 mai
1758.
P. 93
--- Les deux derniers Étés de ces Derniers poèmes ---
DERNIERS POÈMES
Éditions points / poésie -William Blake and Co. Édit., 2011-
Traduit de l’allemand et présenté par Jean-Pierre Burgart
Édition bilingue
*
Pour le prochain billet Les étés de Hölderlin, je vous proposerai la version que l'on peut lire dans : OEUVRES, Bibliothèque de la Pléiade, 1967 ; traduction des poèmes depuis l'allemand réalisée par Michel Deguy, André Du Bouchet, François Fédier, Philippe Jaccottet, Denise Naville, Gustave Roud, Robert Rovini et Jean Tardieu. Cette édition fut publiée sous la direction de Philippe Jaccottet.
Les derniers poèmes de Hölderlin - Persée
http://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_1981_num_11_33_4506
Un article de Bernard Böschenstein
Quelques lignes intéressantes sur le "traduisible" ou l' "intraduisible" dans les poèmes teintés par la folie, chez Hölderlin en ces derniers poèmes --- en l'occurrence, le dernier des derniers : "La vue" ---
Autre article intéressant --- P.- J. Jouve a traduit Hölderlin, mais cette traduction --- "Les Poèmes de la Folie Hölderlin" --- parue dans la collection blanche de Gallimard en 1930, ré-éditée en 1963, est introuvable à un prix modéré.
Le Tag Hölderlin, ici même, pour ces "Etés"