Arbres d'hiver
Les lavis bleus de l'aube se diluent doucement.
Posé sur son buvard de brume
Chaque arbre est un dessin d'herbier --
Mémoire accroissant cercle à cercle
Une série d'alliances.
Purs de clabaudage et d'avortements,
Plus vrais que des femmes,
Ils sont de semaison si simple !
Frôlant les souffles déliés
Mais plongeant profond dans l'histoire --
Et longés d'ailes, ouverts à l'au-delà.
En cela pareils à Léda.
Ô mère des feuillages, mère de la douceur
Qui sont ces vierges de pitié ?
Des ombres de ramiers usant leur berceuse inutile.
Sylvia Plath, Arbres d'hiver, traduit de l'anglais par Françoise Morvan, in Poèmes 1959-1963, présentation et notices par Patricia Godi, in ŒUVRES, Quarto /Gallimard, 2011, page 344.
Notice : Arbres d'hiver, Winter Trees, poème du 26 novembre 1962, publié en janvier 1963 dans The Observer, puis dans WT (Winter Trees, Faber and Faber, 1971). [...]