Cette étrange rosace orne d'un sceau fatal
La chambre. Une ancre d'or griffe le sang du vide.
Un insecte a mordu l'éternité livide.
DIVINE épouse morte un sommeil végétal.
Morte. Morte étranglée. Ô fleur de nos contrées
Laissez couler vos pleurs sur ses hanches de houx
Mésanges vos nids bleus faites-les sur son cou
Et vous, mes nuits portez DIVINE la Dorée
*
Qu'il soulève la dalle et les parfums de Dieu
Empesteront cet ange à genoux pour la garde et les
saintes femmes apporteront les huiles et le linge.
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XI
LE HASARD fit sortir --- le plus grand ! des hasards
Trop souvent de ma plume au coeur de mes poèmes
La Rose avec le mot de Mort qu'à leurs brassards
En blanc portent brodé les noirs guerriers que j'aime.
Quel jardin peut fleurir tout au fond de ma nuit
Et quels jeux douloureux s'y livrent qu'ils effeuillent
Cette rose coupée et qui monte sans bruit
Jusqu'à la page blanche où vos rires l'accueillent.
[...]
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Jean Genet, extraits pages 99, 101 (Poèmes retrouvés) & page 38 (Marche funèbre), in Le condamné à mort et autres poèmes, suivi de Le funambule, nrf Poésie/Gallimard, 2015.
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Parce que Jean Genet est décédé un 15 avril (1986), que je voulais copier quelques uns de ses vers, et que le jeu de son écriture s'est mêlé à ce feu "baroque", cette folie du voir la cathédrale brûler.
Dans le Cri inaugural revenait un corps mort, un corps en morceaux, un corps écartelé entre Voir et Dire, où s'inventa une esthétique du baroque. Une narrativité de ses gestes instituants : penser / aimer.