Et son âme justement était alors lui-même, en ce qu’il avait de plus farouche ou de plus égoïste, en ce qu’il demeurait, comme chacun des êtres, absolument étranger aux autres hommes, ABSOLUMENT ETRANGER AU MONDE.
C’est en ceci que se restitue peut-être l’authentique conception primitive, qui constatait -- bien loin des compromis bergsoniens -- que l’homme était aux prises avec un univers incompréhensible et terrible, qu’il ne participait à la nature, à la société et à la connaissance qu’au titre d’étranger. C’est le sens même de toute initiation que d’admettre au premier chef cette condition d’étranger qui pénètre le secret, à la condition de le garder en lui, de garder son secret.
Voici les passages de l’oeuvre qui confirment une telle idée :
... plus désintéressé que le meilleur des mendiants, fier de n’avoir ni pays, ni amis...
... j’avais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu.
... lui, lui seul, pour témoin de sa gloire et de sa raison.
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Départ
ne plus regarder les choses avec entêtement, toujours sous le même angle, puisque nous sommes les maîtres de voir à chaque instant en dehors de toutes les conceptions et selon toutes les conceptions :
Assez vu. La vision s’est rencontrée à tous les airs.
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Deux fragments d’André Dhôtel, Rimbaud et la révolte moderne, la petite vermillon, 2004, pages 81 et 89.