/MC\, "Que reste-t-il de tant de traits", hommage à André du Bouchet, acrylique sur toile, 11. 11. 18.
Air
À l'heure où la réalité coupe comme un morceau de vitre, on voit clairement les détails de la rue. Aussi reconnaissables qu'une chose jamais vue ni entendue. Quand la réalité se tait, comprenant alors qu'on est en dehors de la réalité, et qu'il faut y entrer. Il faut descendre et tout expliciter.
La page des vents éclaircie par le vent.
Mais la poésie semble à tel point en dehors de la vie, que si l'on se parlait couramment avec autant de clarté, personne ne se comprendrait.
On doit marcher. On ne peut pas s'attarder. À force de hausser la voix, on se lasse de parler.
Court-circuit de l'homme et du jour. Beaucoup trop court.
Que reste-t-il de tant de traits comme par hasard arrachés et soumis sans trêve à l'épreuve du réveil, de l'homme lui-même si abondamment raturé, piétiné, qui se détache si bien sur le trottoir ? Le livre en brèche, les mots en hâte reprisés, les images qui roulent sous le front et le bruit de la voix. Vraiment, il faut relever la tête pour pouvoir respirer.
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Air, Prière d'insérer, Aubier, 1951.
André du Bouchet, « Air », in Aveuglante ou banale, éditions Le Bruit du temps, 2011, page 64.
"D'un poème qui s'effondre", "Que reste-t-il de tant de traits" & "Banalité" : un triptyque en hommage au poète, par /MC\
[Banalité] - André du Bouchet - aller aux essentiels
http://allerauxessentiels.over-blog.com/2018/11/banalite-andre-du-bouchet.html
Premier extrait d' "Aveuglante ou banale"
[Banalité] [ II ]- André du Bouchet - aller aux essentiels
http://allerauxessentiels.over-blog.com/2018/11/banalite-ii-andre-du-bouchet.html
Second extrait d' "Aveuglante ou banale"