Ô toi ma voix passive L’ainsi l’ange en moi lave pleur
J’étais reçue dans mon silence avec ma nouvelle arme de patience recluse à la frugalité du soir une mendiante et une femme assises devant des quartiers de pomme comme des reines devant leurs mets fabuleux une femme vieillissante n’osant plus se voir dans le miroir et c’est bien hors de ce reflet que bat l’amour Regarde la moire du soleil se coucher sur l’orangé dos volant des vautours qui me quittent Vers la porte j’entends du monde noir qui dit encore : la guerre ! Et je ferme le battant lisant ces vers : Le tissu doré des Songes qui s’étendait sur la pâle aridité de la vie s’anéantit, et le monde paraît ce qu’il est réellement, un tombeau.¹
Ils me quittent. Je jette le tissu.
Au fond de cette prison dont la porte est entrouverte sur un silence neuf ton chant a troué les secondes où j’étouffais le temps car j’étais là crois-moi manteau de mélodie te carapaçonnant robe rouge aguicheuse aiguisant tes appâts gants de velours magiques malhabiles à la fois enrobant tes mains de maçonne j’étais là sans que tu ne me voies dans la première fraicheur applaudissante.
12 juillet
¹ Friedrich Schiller, Poésie de la vie, Traduction par X. Marmier.
Paris, Charpentier, 1854, pp. 180-181.