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aller aux essentiels

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L'atelier Poésie de Martine Cros


Sentence sans paroles - Iliazd

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 26 Septembre 2017, 00:00am

Catégories : #Extraits - Ressentis de lectures, #Iliazd, #Poésie de langue russe, #André Markowicz

Iliazd, Eau-forte d'Alberto Giacometti

Iliazd, Eau-forte d'Alberto Giacometti

 

 

 

ILIAZD

 

 

Sentence sans paroles

 

 

 

Traduit du russe

par

André

Markowicz

 

 

 

Encre de Georges Braque

Eau-forte d'Alberto Giacometti

 

 

clémence hiver éditeur

1990

 

Bilingue

 

 

Encre de Georges Braque

Encre de Georges Braque

 

 

 

*

 

Extraits :

Sonnets 1, 2, 3, 7, 8 et 15

 

 

*

 

 

 

 

 

 

DANS CETTE VILLE OÙ L'AN LE JOUR MUAIENT

SI TU PASSAS TOUT JUSTE DEUX SEMAINES

NEIGES DIVISES BRUMES QUE PROMÈNENT

L'HIVER À L'OCCASION NE REFLUAIT

 

 

OU LA MÉMOIRE FAUVE CONSPUAIT

OU POUR NOS VIEUX ANCÊTRES NOTRE HAINE

À VIVRE EN RÊVE PAS EN VIE HUMAINE

À NOUS DISSOUDRE D'UN RÉVEIL FLUET

 

 

RIEN À TOUCHER À VOIR ET GUÈRE À DIRE

QUE L'ART EST GLAUQUE ET LA PAROLE PIRE

TOURNONS LA PAGE L'ÂME EST AUX ABOIS

 

 

NI D'AUTRES COMMENTAIRES TU DÉCIDES

J'ENTRE À JAMAIS DANS CETTE CHAMBRE VIDE

LIBRE DE CRAINTE TU POURSUIS MA VOIE

 

 

 

 

 

*

 

 

 

 

LIBRE DE CRAINTE TU POURSUIS MA VOIE

EN ROUTE VILE AU BORD D'UN PRÉCIPICE

OÙ DES CHEVAUX NOCTURNES RETENTISSENT

UN FLEUVE ENFOUI ARMURE COL ÉTROIT

 

 

TES MOTS SONT ÉTOUFFÉS SUR LES PAROIS

DE GLACE LUNE ABRUPTE SUBREPTICE

ILS COUVRENT NOIRS LES PIERRES QU'ILS NOIRCISSENT

 

 

CRINIÈRES DES FORÊTS DES ROCHES VIVES

LE MUR BOUILLANT ENGLOUTIRA LA NUIT

RÉPERCUTANT UNE AUBE VACILLANTE

 

 

PRÉCIPITÉE DANS UNE VIE SANS RIVES

LA VIEILLE MORT T'ABSOUT POUR AUJOURD'HUI

PEUT-ÊTRE PAS FINALEMENT CONSCIENTE

 

 

 

 

 

 

 

*

 

 

 

 

PEUT-ÊTRE PAS FINALEMENT CONSCIENTE

RECOUVRE-MOI OUBLIE JE NE SUIS PLUS

RIEN DANS L'ÉTÉ POURRI QU'AURA VOULU

DAME-NATURE NOTRE MÈRE ET TANTE

 

 

L'AUBE MOISIE FAYOTE SUR LES SENTES

DÉPIAUTE LES DÉPOUILLES DU RECLUS

LES PLUMES DU PIVERT LE JOUR S'EST PLU

FAISANT LA BELLE REINE DÉFICIENTE

 

 

LA CRUCHE LE RAISIN LE PAIN PORTÉ

DONT LE PIÉTON PERPÉTUA L'USAGE

RUINES DES DIEUX LA TERRE AUX VIEILLES LOIS

 

 

LE CIEL S'EFFACERA DE L'ŒIL BLEUTÉ

NE DÉCOUVRANT NI LARMES NI NUAGES

INAPTE À MAÎTRISER LE GOUFFRE TOI

 

 

 

 

 

*

 

 

 

 

(…)

 

 

 

 

*

 

 

 

 

POUR L'INDICIBLE CLÉS D'ÉNIGMES LENTES

LA ROUTE EN FER NOUS MÈNE MÈNE LOIN

LA CANNE D'ENCRE NE SOULAGE POINT

LA PAGE AURA SON POIDS LA VIRULENTE

 

 

L'AUTOMNE L'ÉTRANGÈRE LA DÉMENTE

LAISSE ENVOLÉS LES BATAILLONS TÉMOINS

NUAGES GRISONNANTS SON TRISTE SOIN

DÉMÊLE FAIT DES NATTES PARLEMENTE

 

 

TU PRÉFÉRAS LA GUERRE AUX CŒURS SOUILLÉS

ET L'INCOMMENSURABLE QUENOUILLÉE

TENDRESSE MA FILEUSE CLANDESTINE

 

 

S'AFFOLE EN PLAINE ASSASSINÉE SANGUINE

JE SORS DE CETTE VIE DE PÉKINOIS

SENTENCE SANS PAROLES VIENT TA VOIX

 

 

 

 

 

 

 

*

 

 

 

 

SENTENCE SANS PAROLES VIENT TA VOIX

SOIT EN FURIE SOIT BÉNISSANT LES CHOSES

VENT DES COLLINES QUI LA TEINT DE ROSE

ET LUI MIROITE LE RUISSEAU PANTOIS

 

 

HÉRAUTS D'HIVER EN MARCHE DANS LES BOIS

ROSSIGNOLANTES SANS MÉTAMORPHOSES

MES TEINTES S'ÉPARPILLENT SE DÉPOSENT

SAPINS DE L'ENCRE HÊTRES QUI POURPROIENT

 

 

TOI SATISFAITE DE LA ROUTE TROUBLE

TU FAIS LA FIÈRE MAIS TON JEU EST DOUBLE

LÉGÈRE UN VENT FRIVOLE ADIEU S'ASSEOIR

 

 

AU SEUIL MAUVAIS DE LA TAVERNE SOIR

SI VOUS SAVIEZ SI SI JE SUIS MÉCHANTE

ET JE MOISSONNE LES SAISONS COUCHANTES

 

 

 

 

*

 

 

 

 

(…)

 

 

 

 

*

 

 

LIBRE DE CRAINTE TU POURSUIS MA VOIE

PEUT-ÊTRE PAS FINALEMENT CONSCIENTE

INAPTE À MAÎTRISER LE GOUFFRE TOI

DORÉNAVANT NI MORTE NI VIVANTE

 

 

SUIVANT LES DIRES BLEUS DES ASTRES FROIDS

POUR L'INDICIBLE CLÉS D'ÉNIGMES LENTES

SENTENCE SANS PAROLES VIENT TA VOIX

ET JE MOISSONNE LES SAISONS COUCHANTES

 

 

DE FLAMME DROITE LE REFLET CHANGEANT

LA NUIT DONNE À MON OMBRE SA MATIÈRE

DANS LES MURAILLES ET LES MURS MUETS

 

 

JE TE CHERCHAIS AVEUGLE CHEZ LES GENS

TOI QUI DELÀ LES ÂGES LES FRONTIÈRES

DANS CETTE VILLE OÙ L'AN LE JOUR MUAIENT

 

 

 

Sentence sans paroles - Iliazd

 

 

 

*

 

 

Dans la postface à cette édition, il est expliqué que pour cette couronne de sonnets, dont les premiers brouillons datent de 1946, Iliazd eut souhaité la collaboration de Matisse. Dans une lettre qu'il lui adresse pour présenter son projet, je relève cet extrait : « J'ai décidé […] à faire une Couronne de sonnets dont je vous envoie ici quelques pages et la mise.

Vous connaissez sans doute cette forme poétique, une des plus difficiles à faire. Elle consiste en quatorze sonnets où le vers initial de chacun n'est que la reprise du dernier vers du sonnet précédent. Les vers terminaux de ces sonnets doivent former aussi un sonnet : le quinzième. (…) »

La postface se termine ainsi :

« Le livre ne se fera pas avec Matisse, décédé en 1954. Cependant le travail sur la Couronne se poursuit sans interruptions visibles jusqu'à la publication du livre, en 1961.

L'édition originale comporte une encre de Braque gravée sur le parchemin de couverture, et un portrait d'Iliazd par Giacometti, choisi parmi les treize que celui-ci avait exécutés à sa demande.

Iliazd, regrettant de ne pas les avoir inclus tous les treize dans son livre, procura l'année suivante une édition° à part des douze portraits non retenus pour le frontispice de 'Sentence sans paroles'. »

 

 

 

° 'Les douze portraits du célèbre Orbandale, pris sur le vif et gravés à l'eau-forte par Alberto Giacometti '. Paris. 1962. Tirage à 40 exemplaires.

 

 

 

 

*

 

 

 

 

 

 

À propos d'Iliazd, et également de ce recueil Sentence sans paroles, voici un post d'André Markowicz, le traducteur, post daté du 20 février 2016 que j'ai relevé sur Facebook – Voyez le lien vers cette page Facebook ci-dessous – Sur cette même page d'ailleurs, si vous tapez Iliazd dans « Recherche », vous pourrez lire d'autres extraits inédits d 'Afat -.

 

 

 

« #Iliazd


Afat, sonnet daté du 2 janvier 1938


 


 

La paume humide d’inutiles clés
------la perte est là j’y suis je temporise
------ vous êtes loin la nuit étincelée
------je sais la chose sans l’avoir comprise
J’écoute cœur hésite à t’emballer
------le moindre écho l’espoir et la surprise
------mais les étoiles seules vont siffler
------pour elles-mêmes jusqu’à l’aube grise
Chaque heure me bécquette jour à jour
------je tiens crierais-je qui pour mon secours
------je fais survivre quelques frêles fleurs
Je garde un habitat de somnolence
------où ce reflet froissé votre splendeur
------des toiles blanches garde le silence


 


 

*


 

Je publie régulièrement ici, depuis février 2014..., des textes d'Ilia Zdanévitch, Iliazd. J'ai traduit la majeure partie de ses poèmes. Deux livres ont été publiés, il y a plus de vingt-cinq ans chez Clémence Hiver : La Lettre (dont j'ai publié un extrait ici, le 30 octobre dernier, et Sentence sans paroles, une couronne de sonnets... qui est un peu trop long pour que je le reprenne ici. Ces deux livres sont épuisés depuis très, très longtemps, et Afat, suite de 72 sonnets avec illustrations de Picasso, ne trouve pas d'éditeur depuis plus de dix ans. Et personne ne connaît, donc. Et je voudrais qu'on connaisse. »


 


 


 

André Markowicz a traduit Dostoïevski, Tchekhov, Pouchkine, et même le chinois – à partir d'autres traductions, dont le russe -, et a publié, aux éditions Inculte, deux livres :

 

Ombres de Chine

Douze poètes de la dynastie Tang (680-870) et un épilogue
Choix, traduction et commentaire André Markowicz
Inculte
« Dernière marge »


 

&


 

Partages

Un an de chroniques de Facebook (juin 2013-juillet 2014)
Inculte
« Dernière marge »


 

Le Cahier Critique de Poésie consacre à ces deux opus une chronique que vous trouverez ci-dessous également.

 

 

 

 

Sentence sans paroles - Iliazd
En russe, Sonnet 1

En russe, Sonnet 1

Sonnet 2

Sonnet 2

Sonnet 3

Sonnet 3

Sonnet 7

Sonnet 7

Sonnet 8

Sonnet 8

Sonnet 15

Sonnet 15

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