III
peuc peuc peuc peuc
le moteur à un cylindre d'une barque dans le détroit
IV
Ce soir les barques reprendront la mer.
Voilà.
Vaisseaux légers qui ne laisseront pas de trace
(non moins que la quinquarème de Ptolémée)
haute mer
pleine mer
pourtant... eu égard aux dieux solitaires
et à la réputation de Pergame...
Mais à quoi bon, n'est-ce pas, puisque nous savons bien
ce qu'il advint de l'acropole
(haute mer
pleine mer de terre et de pierre,
qui recrache tant d'épaves sous la pelle
avec les os, le verre, le bronze)
Bateaux légers et lourds vaisseaux
Tout va au fond, tout sonne sous la pioche...
Tombes sans fleurs, sans croix, sans allées ni chemins
tracés
Et même l'anecdote qui vous faisait peur
elle n'a plus cours (foutue, complètement foutue)
avec les écriteaux qui disaient : ici la forêt et là le port
ou le palais ;
Et surtout l'anecdote qui vous faisait horreur
elle va au fond
tête en bas dans la mer
Voilà.
Tout franchit le silence et le bruit,
cette amour-ci et cette séance au Sénat,
et la pluie le long des parois taillées dans le roc.
Hautes roches
pleines roches pétries
de pierre, de terre et d'os
avec les mots qui les ont désignés
le tout bien tassé au fil des jours.
extrait p. 29-30,
in Elégie 2,
Emmanuel Hocquard,
LES ELEGIES,
nrf Poésie / Gallimard, 2016 (50 ans Poésie / Gallimard)
P.O.L. éditeur 1990 pour la précédente édition
L'élégie en jeu chez Emmanuel Hocquard
Pourtant classé parmi les tenants d'une poésie littérale contre les partisans du renouveau du lyrisme, Emmanuel Hocquard, dans Élégies en particulier, revendique un genre " inverse " de l'él...
Pourtant classé parmi les tenants d’une poésie littérale contre les partisans du renouveau du lyrisme, Emmanuel Hocquard, dans Élégies en particulier, revendique un genre « inverse » de l’élégie « classique ».