En itali(e)que et rouge, ma voix
sur
bris et fragments
des pages 7-15,
in
CARAVAGE,
de Manuel Jover,
sm'ART,
Editions Terrail/Edigroup,
septembre 2007.
Coeur en Caravage
I
Cette « vérité du naturel » qui rongeait Le Caravage. « Il s'est rendu esclave de la nature et non pas imitateur de belles choses. Il n'a représenté que ce qui a paru devant les yeux et il s'y est conduit avec si peu de jugement qu'il n'a ni choisi le beau, ni fui ce qu'il a vu de laid. Il a peint également l'un et l'autre. » (André Félibien, historien)
« Le Caravage ne donne pas un seul coup de brosse sans le tirer directement de la vie. » (Karel Van Mander, historien).
Saillie de ton corps dans
la ténèbre qui veut m'aliéner
Ton corps est-il le lien
qui me délie
la langue
Des noirceurs de l'âme, jaillir
La vérité rouge du gueux,
je la pose dans mes gestes
Humain, sacré :
une seule et même femme
Ô chers tyrans, confinez dans l'obscurité,
si vous voulez, nos mains qui se prennent les unes
les autres sous les tables de jeux Reprisez
noblesse Rien ne sera moins éphémère
Faut-il attendre que s'écroulent les ponts
pour créer la rivière
dans le lit de nos mains
Sous le masque de coton perle le désir
Sans or ni fourrures, unir dans le noir nu
les manquements de notre vile condition
L'étoile rend bonté aux visages naissants
Ô réalité , toi la scandaleuse,
dans le scandale même nous te porterons !
Roger Fry, en 1905, estimait que Le Caravage fut « le premier artiste qui ait procédé non par évolution mais par révolution ; le premier qui se soit fié entièrement à son tempérament. », (…) [à] préférer la vérité des faits éprouvés et leur intériorisation dans le processus artistique aux prétendues vérités abstraites et éternelles dictées par un système culturel. Se fier à son « tempérament », c'est préférer sa propre façon de sentir, de penser et de peindre à l'extériorité des faits de culture ( l'Histoire et ses mythes ) et aux conventions artistiques de son temps.
[R]endre compte d'une réalité dépouillée de ses oripeaux idéologiques, la saisir dans sa plénitude, sa beauté et son horreur.
Ô vierge endormie sur mes reins de papier
dont le visage meurt et dont moi si lascive
tes paupières baise à les réanimer
si tu vis je serai suis déjà ta captive
si ce n'est toi c'est moi que la mort va créer
Coeur en Caravage,
Coeur
en cours d'écriture.
M.C.