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aller aux essentiels

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L'atelier Poésie de Martine Cros


Ressenti de lecture,sur un poème de RA(ts), de Rodica Draghincescu

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 4 Avril 2013, 14:25pm

Catégories : #Extraits - Ressentis de lectures

 

 

 

'Voyage de cris à double sens'

 

 

 

 auteurs_images_draghincescu_rodica.jpg

 

 

 

 

 

 

Nue, morte, hardie.
Ici et maintenant. Sans interruption.


Je m’écris en vous écrivant. A l’allure d’une
autodérision.


Eperdument. Décidément. Dénouée.


J’apprends par coeur la mort dans la vie, je la
récite même.


Au carrefour des mots avec les couleurs, je suis
l’être que vous n’avez pas été, mais que vous avez
connu. Dans l’absence avec.


Quelqu’un de très cher.


L’absence relance. Par extension. Sa présence
consommée tire à bout portant.


Sur vous. A l’arc des nuages.


La présence de l’absence, tel un grondement de
canon. Le boum du coeur qui s’étonne. Entendu,
vu, oublié, reconnu, quatre fois. Les canons de
l’épiderme. L’absence de quelqu’un que vous avez
appelé mon amour.
Crépitement. Cliché hésitant.
La vie que je vous décris n’existe pas. Elle n’est
que le chemin ondulatoire d’une lettre destinée à
vous faire oublier les perdus.



Ici, c’est nulle part, l’ultime destination.
Dans le noir. Les yeux ne servent à rien. (…) Et
tant mieux.
Oubliez les amours. Entamez-en un autre.
Disparaissez. Réapparaissez. Combinez lasers et
fumées. Comme dans une boîte de nuit. Personne
n’aime personne. Tant pis.
Voix hypnotiques sur l’océan carnivore du ciel.
Pour vous guider. On est ensemble pour ne pas
exister. C’est fait.
Ouvrir n’est pas toujours le contraire de fermer.
Coupez court à.
Incisez. Ça peut aller. Pas mal.
Prestidigitateur des lettres jamais écrites, jamais
lues mais dites comme probabilité dangereuse. Je
n’y suis pas. Mais j’écris. Ça suffit.


Ecrire = se baigner dans le sang, nager dans la
chaleur du corps. Déversoir. Ce genre de tatouage
ne parlera jamais du bonheur pendant que mais
du malheur d’avant et d’après la trace. Plutôt.

 

 

 

 

 

Rodica DRAGHINCESCU,
Pages 51-52 de 'RA(ts)' , Les Éditions du Petit Pois • Béziers,
Dépôt légal • janvier 2012,

Les Editions du Petit Pois, Poésie contemporaine.

 

 

6a00d8341c0f2b53ef017d41705d49970c-320wi.jpgavec des gravures de Marc Granier

 

 

 

 

Ressenti de lecture sur
 
« Voyages de cris à double sens »
 
de Rodica Draghincescu

 

 

 

 

'Rodicatescence'

 

 

 


         
Rodica,
 
Poète,

 

 

 

 

Pendant qu’entre mes doigts se
 consume un sweet Orient,
 tu m’inocules ton poème


         
Je sais 
oui 
que ton silence dit bien des choses 
et que ce bien des choses doit se dire en peu de mots
     
en l’effleurement le plus persistant de la fleur du mot
     
et ce peu de mots dire 
nous scelle dans une sorte d’éternité
         

 

Poète,


         
Tu parles de l’amour et de son absence 
et de la liberté face à eux 
Je sais


     
que la liberté sans amour n’est rien 
Avoir des ailes sans pouvoir ni se poser sur le corps du désir 
ni s’envoler hors de la cage des petits feux terrestres ! 
Je sais
qu’oublier ce qu’on perd doit être confié au seul temps 
dépourvu de nous 
que 
pendant ce
 temps il est
 encore l’heure 
de rompre la perdition 
avant qu’elle ne nous 
dessèche 
Je sais


     
Il faut oser te demander 
Poète
 
de rompre dans sa fraîcheur
 l’errance du monde 
de la partager comme on partage un paysage 
cheveux, 
regard,
 étonnement au vent


     
Ce qui saigne du doute lorsque l’amour s’éloigne 
devient alors
 la rivière



         
‘Ici c’est nulle part, l’ultime destination’

 


         
En soi
 avec un fil funambulesque
 tu descends par ta gorge et ses catacombes 
t’y laisses glisser 
mains 
épaules
 hanches 
échine
 chevilles 
ensuite seulement le visage 
puis tu fouilles les entrailles 
dragues les souvenirs
 trouves le bon débarcadère
 intime



         
‘Incisez’

 


         
Je sais


     
Tu veux asservir les cicatrices à l’improbable guérison 
à couvert d’une hypnose 
dans l’invocation magique des mots
 et dans la responsabilité assumée de leur rage
         
Dans notre voix qui sort de la capitale de la douleur
 toutes les voix de nos ancêtres pleurent 
ma voix grave 
presque cassée
dans 
ta voix énigmatique 
gracieuse 
Je sais


     
Tu veux dompter les larmes dans la voix 
dresser la folie des démons 
Poète


     
Tu apprends à nager à tous ceux qui cherchent
 des rives apaisées au-delà de 
l’eau en sang 
où ricoche l’humiliation 
Tu sais,


     
ces cercles sur l’eau s’espaçant jusque l’étale et la lisseur
 captent ta lumière
 la diffracte par l’écume
 l’onde du Don
         
Chaque rescapé reçoit alors un rai 
blond dans son 
coeur


         
Pour cette Rodicatescence,
     
Merci…

 

 

 

 


 

Martine CROS,  in Notes de Lectures,

 dans Levure Littéraire n° 7

dont Rodica Draghincescu est la directrice et la fondatrice


 

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Don et mécénat pour la revue

 

 

 


           
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