Ne reste pas là dans ta barque de sang
cousue sur l'uniformité
va va boire toute la sève
toutes les flaques de vie
ne reste pas dans ce jour
où il n'y a pas de jour
ni dans la nuit où il n'y a plus de nuit
prends ton boitier ton carnet
les visages à bras le corps
ceux dont l'immense amour
du bain premier
frémit à peine
prends les bouches lasses
à peine ouvertes l'entre
à peine elles chantent
prends les fées de femmes
les forêts à la croisée
fais écouter leur galop
à ces ombres
sature-les de ciel
d'ambre amoureusement
dans leurs cheveux chanvrés
caresse le fuyant
de leurs regards
en perspective
tu verras naître
le décelé de toi même
le reflet d'oiseau libre
le corps
d'un silence limpide
grave leurs sourires
garde les cent ans
dans ton Leica
prends leurs pauvres rêves
assis par terre
tentés de trois fois rien
sois l'apôtre recueille
à l'ombre du nombre
les rais de miel qui relient
prends soin du son si fin
des clichés volés
si fin
qu'aucune oreille absolue
ne saura d'où il vient
d'un Leica d'amour infirme
d'arrachements de joies
de chants rebelles
surexposés
là est ton voyage
de l'immense amour
au bain premier
photo: Tarmine Rocs