Tu es lasse dans l’écharpe rosée __s’oublier à l’instant où la soie te happe
comme la barque qui tisse __le filament d’un flot t’emporte loin de toi
__évanouis évanescents les vieux pilotis de la trêve fondent dans ta lagune
__clapotis vagues et reconnaissables __la passante des ponts s’avoue
invincible __ment vaincue __jamais plue __L’écharpe de soie t’échappe
de toi tu perds ta robe dérobe __l’image d’une Venise boueuse et
cimentée __flottant ainsi ville des brumes vivaldiennes __
sur la civilité du béton armé geignent les amours diluviennes __
Princesse Palazzi tu fais quelques pas dans la ruelle
où ton balcon fleuri manque de Roméo __La gondole du Doge
vient ravir ton absurde solitude, te soulève hors de ton évasion de vase
__brusque réveil de l’échappée soyeuse
__où va ta vie dont l’UNESCO classe la douce peau __ta chair pourrie __
l’empaillée s’effritera maybe __alors tu entoures ton foulard sauvage
autour des ombres de brumes pour les cacher des gondoliers __alors
tu entends la pluie tomber simple comme une pluie,
tu entends les gouttes de voix chanter sur le bois usé des voiliers
d’où ton passé chargé a fait couler le port __nul doute Venise lointaine
manque à tes pas __tu revêts d’elle l’écharpe de soi __