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Ce soir, voici deux poèmes d’une amie qui m’est chère, Françoise RUBAN, moi, je l’appelle Francy….
Dans Françoise, il y a la franchise de Fran… Je la sais diaphane et blanche comme l’eau des cascades.
Il y a çoi comme la soie, la douceur, desquelles elle tisse ses mots, enrobant les douleurs de l’existence, mots qu’elle partage si joyeusement avec ses amis.
Dans Ru, il y a tous les démunis dont le ru isseau de lassitude abreuve sa générosité ; dans ban, l’envie de s’asseoir, de chavirer la tête en arrière, de regarder l’oiseau, épousant son vol, à lui, l’élu qui a le recul céleste.
Cette tendre réserve, je la retrouve dans le regard qu’elle porte aux choses et alentours dont elle pénètre l'aura franchement. Elle écrit, on la sent contemplative, soudain la lucidité s’empare d’elle : de son coeur crucifié, elle dégaine l’épée de la Justice.
Sur cet embarcadère ascétique auquel la vie cruelle l’a agriffée, elle nous offre une voix nimbée de simplicité, un enrouement de sanglots retenus dans la pudeur, et nous conte comme, peu à peu, des paupières closes par l’amertume peuvent à nouveau contempler la beauté de la vie, et comme les mains se défont de leurs chaines par la grâce entre aperçue.
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J’accorde, à la suite, l’écho d’une mélodie de Satie, qu’elle aime, comme un remerciement….
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Ton empreinte
Quelques pas dans le jardin ont suffi
Mon regard s'attarde
Sur des roses oubliées abandonnées
Les arbres nus dépouillés élancent vers le ciel blanc
leurs ramures décharnées
De rares feuilles s'agitent sous le souffle léger
Mon coeur s'envole s'envole...
C'était un soir d'été
Autour de la table de pierre
Tes cheveux bouclés tes yeux clairs au sourire malicieux
Nous étions tous réunis le vin un nectar
qui faisait pétiller les yeux et les paroles
La pénombre nous enveloppait à la lueur vacillante de la flamme
aux senteurs de citronnelle
Les îlots odorants et fluorescents de l'onagre
-nous l'appelions belle de nuit -
Les rires les paroles éclaboussaient le silence
Nous inventions des utopies
et refaisions le monde...
Solitaire ce matin j'interroge le ciel laiteux
Impassible et sourd
Et comme chaque jour depuis trois longues années
Je me plais à rêver
Et si tout là-haut dans cette immensité infiniment mystérieuse
Un petit prince
Aux yeux rieurs
Aux boucles blondes
Guettait mes promenades matinales...
Par une nuit claire
Scrutant la voûte étoilée
Percevrai-je moi aussi le rire cristallin d'une étoile
Mon Etoile
la plus lumineuse de toutes.
Françoise Ruban
jeudi 19 janvier 2012
(Copyright numéro 00051139-1)
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Eros et Thanatos *
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Une dalle de granit
Sur laquelle j'aime me reposer
Quelques plantes déposées par l'Amour
Pour l'immortalité de ton séjour
Pour que tu n'oublies pas
Notre jardin sauvage véritable labyrinthe où tu te promenais
Absorbé et pensif
Une flore à la main
En quête à cet instant de ta vie
Du mystère des fleurs
Mes yeux s'enfuient au loin dans un brouillard profond
Et soudain se dessinent
Ton regard clair
Tes cheveux bouclés
Ton sourire tendre et malicieux
Dis-moi est-ce Toi
Qui m'envoies
Cette énergie de Vie
Ces désirs nouveaux
Ces mots qui s'échappent presque incontrôlés de mon âme
Comme une flamme qui jamais ne me brûle
Mais n'en finit pas de danser
Au rythme du piano retrouvé
Au rythme des marées
Au rythme des mots des mots qui jaillissent
Et se posent ici
A l'orée de mes nuits étoilées
La rumeur océane toute proche
Berce ton sommeil
Sur le sable mouillé tes traces embrassent mes pas
Ta Voix murmure et...
Un matin de novembre une autre Voix s'est mêlée
A ta Voix
Dis-moi est-ce Toi
Qui m'envoies cette lueur d'espoir
Ces frissons ces désirs qui m'envahissent
Chaque soir
Douceur d'un Amour qui jamais encore
Ne s'était révélé
Ou j'avais oublié
Ou je le refusais...
Antigone la rebelle avait renoncé
Devant la loi des Hommes
Elle avait abdiqué
Elle s'était recroquevillée
Créon trois fois vainqueur souriait de la voir pleurer
Une dalle de granit
Sur laquelle j'aime me reposer
Et bavarder avec Toi
Françoise Ruban
le 28 mars 2012
(Copyright numéro 00051139-1)
Giorgio Morandi, Natura Morta (Still Life),
1954,oil on canvas, 40 x 46 cm.
Giorgio Morandi, Bottiglie e fruttiera, 1916