Pierre Paul Rubens, La Nuit, d'après Michel-Ange
I
Le monde est hivers
Les mains gantées de nuit
Le froid défroisse et plie la phrase
Larme élégie
Mes paumelles à t’écrire s'éraillent
J'aspire
L'effleurement d'une oscillation
La mise à vie dans tes battements
La syllabe labiale ludique
Le segment elliptique
De l'essor
Je me couche sur le papier du soir
Quitte ma robe métaphorique
Lieu privé pudique
Ignifugé
Je te confie Cantique
Ce qui me démunit
De l'éloquence
Rien qu’un mot qui s’épouse
Un son qui se mélodie
L'envers de la damnation
Je n’attends pas que le sommeil terrasse une vie ou deux
Pour nous quitter
Belle Elegie
mais alors qu’il m'abat en plein vol hypnotique
Je te suis obligée d'être libre
Aube outre
Marine
De tes fils tisserands
Tu m’enrobes
Tu voiles
Mes mains de rosée
Me revêts
De tes longs gants mousselinant
De cascades épithètes
Ma chevelure te boit
A la veille de renaître
Je t'étreins gantée de mondes
Texte, Martine Cros,
à suivre : Ganté II