II
Tu ne parles pas
Tu sais d’avance le combat est vain __ et les espérances
dont se goinfrent les bouches de lave viennent s'effondrer
aux commissures des lendemains
Tu crains d’être trahie
comme un refrain sans mélodie
à l’ombre de l’oubli, tu tais __ y a-t-il d’ailleurs un mot pour cet oubli
Quelle plus belle forge que le creuset
d’un amour dont la plainte s’étouffe sur ta peau
d’un amour embrassant tes lèvres si muettes,
__ mais offertes au souffle de nouveaux voyages
L’ébat de ton silence peut battre
comme un pur bonheur dans le volcan l’orage
alors tu chevauches la chevelure boisée du vent en pluie
inondé des parfums des dernières conquêtes,
tu fuis l'infinitif en tout genre soluble __ tu t'exiles de tout cet indicible
Je revendique Je à ton opalescence,
flamme d’amour plus pur que mille réalités
sur tes cheveux de soie où je repose
ma tête à même la terre née
d’où je bannis tous les imaginaires
Posés sur ton ventre __ marine __ les songes me composent car je suis ta chair
__ Je les vois ces contes de fée amers qui serpentent essoufflés
jusqu’à la plaine des condoléances
__ Je tente bien d’en pénétrer certains qui font la manche ou qui friment
assis sur les parpaings des villes où le chantier s'éternise,
__ là est bien la seule éternité
Les plus fins filaments de voix s’étouffent sous les
rideaux pourpres des pharaons d’écume
qui de leurs nuages saignent tout à blanc
Les fils d’or trop osés, __ voilà ! Balayés d’un revers de la paume,
grimés d’un peu d'opium, __ et la geôle en remerciement !
Sur ton ventre je suis mortelle et j’en jouis
Libérée des chimères sur ton front je murmure
ma lucidité naissante en ton regard __
le reste me laisse sans voix.
__ Texte, et dessin du 09/10, Martine Cros
Extrait d'un recueil en cours d'écriture __