Der Dichter spricht
sur une musique piano solo
de R. Schumann
Kinderszenen Op.15
I
poète elle parle
comme une religion
peu comprennent
dans la foule enfuie
le vent éloquent dans sa voix
dans le bois de sa voix qui mousse l'aube et la tapit
Seul un oiseau siffle dans les pas de l'après midi
Lasse des vies éternelles elle mendie
sa part d'élégie de débris d'élégie sous la scène des parodies
elle mendie sa part
de folie
dont elle veut être l'amante
Pour
tant
,
aimer
(à)
délirer
(à)
mourir
ont pitié
la trouvent à ce point agenouillée
(lui offrent une virgule
dans une vie sans point particulier)
espace
escale de silence dans la voix du visage aimé
,
chant évanoui dans les baisers mystérieux
ont pitié
les glorieux guerriers en elle ont été muselés
cri par cri
l'
âme femme flambe
feu d'une ville engloutie
par la montée des eaux du désir
des ordres la baillonnent
qui la noient ou pire
l'
île encore visionnaire
dans une ère non née
croquevillée pliée dans un placenta lunaire
sous mer sous terre lovée
dans l'attente en son noyau
de la délivrance
des mots les plus
les plus
se taire
se taire enfin juste dire
non et
oui
oui c'est son nom
son quitte chrysalide
née nymphe en liquide marin
née d'abyssales cathédrales où prière
d'admettre que tout est
profond et si dangereux
née là
là elle veut vivre
flamme assise l'
âme oscille
en avant en arrière en avant en arrière
entre amour et folie
entre des graines de mots qui germent sans sève
mais qui savent attendre la saveur d'une pluie
Hanna Sidorowicz, Visage, 2008
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