Deuxième vidéo
sur l'importance de la beauté
Pas de transcription de sous-titrage cette fois-ci.
Mais le texte accompagnant les 6 vidéos, et un écho.
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"Le philosophe Roger Scruton présente un essai provocateur sur l'importance de la beauté dans les arts et dans nos vies. Il affirme qu'au 20 siècle, l'art, l'architecture et la musique ont tournés le dos à la beauté, créant ainsi un culte à la laideur et nous conduisant vers un vide spirituel. En utilisant les idées de Platon et Kant, Scruton analyse la transformation de l'art et présente ses propres solutions pour restaurer la beauté et la placer au centre de notre civilisation.
«Avant, l'art glorifiait la beauté mais aujourd'hui elle adore la laideur», déclare Roger Scruton, philosophe et auteur. Il pose des questions pertinentes et fait des remarques intéressantes au sujet de l'importance de la beauté dans notre société. Il nous bombarde d'interrogations relatives à des sujets qui touchent aux changements dans la pensée humaine sur la beauté au cours des siècles, le comportement «utilitaire» qui prédomine dans notre vie ou sur l'art d'aujourd'hui et sa relation avec le beau, la beauté, le jugement et la question de goût autour du bon ou du mauvais goût ou encore la signification que l'on donne à ce que l'on voit, lit ou entend et l'importance que nous leurs accordons.
La notion d'amour platonique
«Platon pensait que la beauté est quelque chose qui vient d'un autre monde et que l'on ne peut rien faire d'autre que d'observer son pur rayonnement. Tout autre chose la pollue et la profane, détruit son aura spirituelle». La théorie de Platon a influencé tous les grands artistes du passé et Scruton prend pour exemple la belle Vénus de Botticelli. Vénus nous regarde et nous invite dans un lieu de beauté et d'amour qui dépasse toutes les passions humaines et qui est détaché d'elles -- «l'amour platonique».
La valeur que l'on accorde à la beauté
«Peut-être que les gens ont perdu leur croyance dans la beauté parce qu'ils ont perdu leur croyance dans les idéaux. C'est un monde de tentations. Il n'y a de valeur que les valeurs de l'utilité - une chose n'a de valeur que si elle a une utilité. Et qu'elle est l'utilité de la beauté ?», dit Scruton. «Oscar Wild a écrit : 'Tout art est inutilisable...', pour Wild la beauté a une plus haute valeur que l'utilité. Les gens ont besoin de choses inutiles presque dans la même mesure et même plus, que de choses utiles. Pensez à cela, quelle est l'utilité de l'amour, de l'amitié, de l'adoration, etc. ? C'est la même chose avec la beauté.»
Les citations du philosophe Roger Scruton sont tirées du film Why Beauty Matters, et ont étaient traduites de l'anglais."
Écrit par Maya Mizrahi, La Grance Époque
19-12-2010
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Beauté, j'ai toujours une pensée pour Hölderlin....
« Le premier enfant de la beauté, dit Hypérion, dans lequel Hölderlin s’est personnifié, le premier enfant de la beauté humaine, de la beauté divine, c’est l’art. En lui l’homme divin se rajeunit et se renouvelle. L’homme veut avoir conscience de lui-même; alors il donne à sa propre beauté une existence en dehors de lui. C’est ainsi que l’homme a créé ses dieux. Car, dans l’origine, l’homme et ses dieux ne faisaient qu’un; l’éternelle beauté, inconnue à elle-même, existait seule. – Ce que je dis est un mystère, mais ce mystère est une réalité. – Le second enfant de la beauté est la religion. La religion est l’amour de la beauté. Le sage aime la beauté elle-même, la beauté infinie, et qui embrasse tout; le peuple aime les enfants de la beauté, les dieux, qui lui apparaissent sous des forme multiples. – Il en était ainsi chez les Athéniens. Sans cet amour de la beauté, sans cette religion, un État n’est qu’un squelette désséché, sans vie et sans âme, et toute pensée et toute action n’est qu’un arbre dont on a coupé la cime, une colonne dont on a abattu le faîte. »
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Un extrait d’Hypérion, en allemand, puis en français
"Ich habe nichts, wovon ich sagen möchte, es sei mein eigen.
Fern und tot sind meine Geliebten, und ich vernehme durch keine Stimme von ihnen nichts mehr. Mein Geschäft auf Erden ist aus. Ich bin voll Willens an die Arbeit gegangen, habe geblutet darüber, und die Welt um keinen Pfennig reicher gemacht. Ruhmlos und einsam kehr ich zurück und wandre durch mein Vaterland, das, wie ein Totengarten, weit umher liegt, und mich erwartet vielleicht das Messer des Jägers, der uns Griechen, wie das Wild des Waldes, sich zur Lust hält.
Aber du scheinst noch, Sonne des Himmels! Du grünst noch, heilige Erde! Noch rauschen die Ströme ins Wasser, und schattige Bäume säuseln im Mittag. Der Wonnegesang des Frühlings singt meine sterblichen Gedanken in Schlaf. Die Fülle der allebendigen Welt ernährt und sättiget mit Trunkenheit mein darbend Wesen.
O selige Natur! Ich weiß nicht, wie mir geschiehet, wenn ich mein Auge erhebe vor deiner Schöne, aber alle Lust des Himmels ist in den Tränen, die ich weine vor dir, der Geliebte vor der Geliebten!
Mein ganzes Wesen vestummt und lauscht, wenn die zarte Welle der Luft mir um die Brust spielt. Verloren ins weite Blau, blick ich oft hinauf auf den Äther und hinein ins heilige Meer, und mir ist, als öffnet’ ein verwandter Geist mir die Arme, als löste der Schmerz der Einsamkeit sich auf ins Leben der Gottheit.
Eines zu sein mit Allem, das ist das Leben der Gottheit, das ist der Himmel des Menschen. Eines zu sein mit Allem, was lebt, in seliger Selbstvergessenheit wiederzukehren ins All der Natur, das ist der Gipfel der Gedanken und Freuden, das ist die heilige Bergeshöhe, der Ort der ewigen Ruhe, wo der Mittag seine Schwüle und der Donner seine Stimme verliert und das kochende Meer der Woge des Kornfelds gleicht.
Eines zu sein mit Allem, was lebt. Mit diesem Worte legt die Tugend den zürnenden Harnisch, der Geist des Menschen den Zepter weg, und alle Gedanken schwingen vor dem Bilde der ewigeinen Welt, wie die Regeln des ringenden Künstlers vor seiner Urania, und das eherne Schicksal entsagt der Herrschaft, und aus dem Bunde der Wesen schwindet der Tod, und Unzertrennlichkeit und ewige Jugend beseliget, verschönert die Welt.
Auf dieser Höhe steh ich oft, mein Bellarmin! Aber ein Moment des Besinnens wirft mich herab. Ich denke nach und finde mich, wie ich zuvor war, allein, mit allen Schmerzen der Sterblichkeit, und meines Herzens Asyl, die ewigeinige Welt, ist hin; die Natur verschließt die Arme, und ich stehe, wie ein Fremdling, vor ihr, und verstehe sie nicht.
Ach! Wär ich nie in eure Schulen gegangen! Die Wissenschaft, der ich in den Schacht hinunter folgte, von der ich, jugendlich töricht, die Bestätigung meiner reinen Freude erwartete, die hat mir alles verdorben.
Ich bin bei euch so recht vernünftig geworden, habe gründlich mich unterscheiden gelernt von dem, was mich umgibt, bin nun vereinzelt in der schönen Welt, bin so ausgeworfen aus dem Garten der Natur, wo ich wuchs und blühte, und vertrockne an der Mittagssonne.
O ein Gott ist der Mensch, wenn er träumt, ein Bettler, wenn er nachdenkt, und wenn die Begeisterung hin ist, steht er da, wie ein missratener Sohn, den der Vater aus dem Hause stieß, und betrachtet die ärmlichen Pfennige, die ihm das Mitleid auf den Weg gab."
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"Je n’ai rien dont je puisse dire : ceci est mien.
Lointains et morts sont ceux que j’ai aimés, et aucune voix ne me les fait plus désormais entendre. J’ai achevé ce que j’avais à faire ici-bas. Je me suis mis au travail avec toute ma volonté, j’y ai saigné et je n’ai en rien enrichi le monde.
Sans gloire et solitaire, je reviens et parcours ma patrie, qui, tel le jardin des morts, s’étend autour de moi et peut-être m’attend le couteau du chasseur qui prend son plaisir à nous autres Grecs comme il fait du gibier de la forêt.
Mais tu brilles encore, soleil du ciel ! Tu es toujours verte, terre sacrée ! Les fleuves murmurants se jettent encore dans la mer et les arbres ombreux bruissent encore à midi. Les chants de joie du printemps endorment mes pensées mortelles. La plénitude du monde qui est toute vie nourrit et comble d’ivresse mon être misérable.
O bienheureuse nature! Je ne sais ce qui m’arrive lorsque j’élève mes yeux devant ta beauté: toutes les joies célestes sont dans les larmes que je pleure devant toi, moi l’aimé devant l’aimée.
Tout mon être fait silence lorsque les tendres vagues de l’air jouent autour de ma poitrine. Perdu dans les immensités bleues, je lève souvent mon regard vers l’éther, je le baisse vers la mer sainte et il me semble qu’un esprit proche du mien m’ouvre les bras et que les souffrances de la solitude se dissolvent dans la vie de la divinité.
Ne faire qu’un avec le Tout, telle est la vie de la divinité, tel est le paradis de l’homme. Ne faire qu’un avec tout ce qui vit, retourner dans le Tout de la nature et y trouver le bonheur de l’oubli de soi, telle est la plus haute des pensées, la plus haute des joies, c’est le sommet sacré de la montagne, le lieu de l’éternel repos où le midi perd ses orages et le tonnerre sa voix, où la mer bouillonnante ressemble aux vagues d’un champ de blé.
Ne faire qu’un avec tout ce qui vit. A ce mot, la vertu dépose sa cuirasse de colère, l’esprit de l’homme dépose son sceptre et toutes les pensées s’estompent devant l’image du monde éternellement un, comme s’estompent aussi devant son Uranie les lois imposées à l’artiste qui lutte et le destin d’airain renonce à la maîtrise du monde et la mort s’éloigne de l’alliance des êtres et une union parfaite et une jeunesse éternelle comble le monde de félicité et de beauté.
Je me tiens souvent sur ces sommets, cher Bellarmin ! Mais un moment de réflexion me jette à terre. Je songe et je me retrouve seul, comme je l’étais auparavant, avec toutes les douleurs de l’être mortel et le refuge de mon cœur, le monde éternellement un, s’enfuit ; la nature me ferme ses bras et je reste devant elle comme un étranger et ne la comprends pas.
Ah ! Que je regrette d’avoir écouté vos enseignements ! La science que j’ai suivie jusque dans ses profondeurs, dont j’attendais, fol adolescent, la confirmation de mes joies pures, la science m’a gâté toute chose.
Je suis devenu si parfaitement raisonnable grâce à vous, j’ai appris à me distinguer si profondément de tout ce qui m’entoure et je suis maintenant isolé dans ce monde si beau, je suis exclu du jardin de la nature où je croissais et m’épanouissais et je me dessèche au soleil de midi.
Oh ! L’homme est un dieu lorsqu’il rêve, un mendiant lorsqu’il pense et, lorsque l’enthousiasme s’est enfui, il ressemble à un fils chétif que le père a chassé de la maison et il contemple les misérables pièces de monnaie que la pitié lui a données pour sa route."
"Hypérion, ou l'ermite de Grèce" , Poche Flammarion, traduction, Jean-Pierre Lefebvre, 2005