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aller aux essentiels

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L'atelier Poésie de Martine Cros


La nuit ouvre ses yeux... - Zéno Bianu

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 9 Novembre 2019, 18:01pm

Catégories : #Extraits - Ressentis de lectures, #Zéno Bianu

Matthieu Messagier, "Or sur noir", 2009, encre de perles sur papier.

Matthieu Messagier, "Or sur noir", 2009, encre de perles sur papier.

 

 

 

 

 

La nuit ouvre ses yeux en nous.

 

Rien ne retient plus le regard.

 

On fait corps avec le coeur.

 

L'onde est porteuse.

 

Juste à l'angle du temps.

 

La survie peut être célébrée.

 

On puise, mais avec une telle précision.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si nue l'évidence qu'elle troue les pourquoi.

 

Au fond du charnier, une étoile ivre.

 

Des empreintes imprimées par le coeur.

 

Quelques arcs-en-ciel terrassés.

 

On laisse le bleu creuser son ombre.

 

Une seule goutte de feu suffit.

 

Ébloui, obstinément.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Zéno Bianu, in « Infiniment proche », in Infiniment proche et Le désespoir n'existe pas, préface d'Alain Borer, Poésie/Gallimard, réédition de février 2019, pages 62-63.

 

 

 

 

Yves Klein, "Cosmogonie", 1960, Pigment pur et résine synthétique sur papier.

Yves Klein, "Cosmogonie", 1960, Pigment pur et résine synthétique sur papier.

 

 

 

 

 

Une étoile ralentit, dénudée jusqu'au jour.

 

Appel capté tout au fond, le feu ne laisse pas de trêve.

 

Mieux vaut une vie sans parole qu'une parole sans vie.

 

Il faudra bien ouvrir la permanence du souffle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Zéno Bianu, in « Infiniment proche », in Infiniment proche et Le désespoir n'existe pas, préface d'Alain Borer, Poésie/Gallimard, réédition de février 2019, page 45.

 

 

 

 


Vigilance fluide. Le monde est ici saisi au vif, comme sanctifié jusque dans ses [...] ultimes détours. Qui ne sont ni choses ni substances, mais événements - mieux, avènements. Si l'infini advient, c'est dans le fini, dévoilé par l'aigu [...]. Chacun des gestes du quotidien est alors révélé-révélant.

Zéno Bianu, un fragment de "Krishnamurti. Ou l'insoumission de l'esprit", cité dans la préface d'Alain Borer

 

 

 

 

PSAUME

 

 

 

 

 

 

 

1

j'ai nagé

dans le cœur du cœur noir

mordant à ton absence

 

2

je suis allé au tout profond

là où se récitent les nerfs

là où dansent les cendres

 

3

ma nuit a pleuré tout l'espace

dans le cœur du cœur noir

dans la bouche d'une étoile

 

4

le souffle en flammes

jusqu'à éteindre l'esprit

c'est la prière de mon désarroi

 

5

tant de mots pour trembler juste

dans le cœur du cœur noir

que je porte à mes lèvres

 

6

je te dis toute ma fatigue

tout ce qui m'a brûlé

en orties de grâce

 

7

je te dis les mots blessés

dans le cœur du cœur noir

pour étreindre l'invisible

 

8

pour aspirer

le lait de la lumière

pour boire le dernier sommeil

 

9

pas à pas

dans le cœur du cœur noir

là où le feu devient bleu

 

10

le ciel dans les mains nues

la voix défaite

je me lave à ton sourire

 

11

une plainte sans mot

dans le cœur du cœur noir

c'est le sel de ta nuit

 

12

je te donne les étoiles

qui dorment dans ma bouche

la sève de mon effondrement

 

13

je n'ai pas oublié l'ébloui

dans le cœur du cœur noir

je n'ai pas oublié ta fièvre

 

14

je te donne ma pénombre

comme une chair tendue

je t'offre mon sang de nuit

 

15

j'écoute ta solitude

dans le cœur du cœur noir

je l'écoute assoiffé

 

16

je réponds à ton aurore

j'ouvre ma blessure

dans la chambre des cieux

 

17

où je déborde

dans le cœur du cœur noir

tes os disent la nuit rouge

 

18

c'est l'œil de ta nuit

qui me tresse

et me sauve

 

19

c'est l'œil de ta pluie

dans le cœur du cœur noir

vers la saveur sans fin

 

20

ce qui frappe à mes tempes

et me palpite

c'est la voix de ta nuit

 

21

dis-moi le récit du ciel

dans le cœur du cœur noir

dis-moi les lèvres des larmes

 

22

dis-moi la rosée et le royaume

accepte ma cendre

d'infini en infini

 

23

je te rejoindrai

dans le cœur du cœur noir

où saigne la lumière

 

24

puissions-nous connaître

le versant blanc du vide

pour perdre le nord à jamais

 

25

j'accueille ta vision

dans le cœur du cœur noir

l'écho de ta blessure

 

26

tout est à vif

dans la bouche des nuées

tout est offrande

 

27

j'appartiens à ton souffle

dans le cœur du cœur noir

à la source sans retour

 

28

la rage du ciel

enfin dépossédé

j'invoque ta brûlure

 

29

ton verbe renversé

dans le cœur du cœur noir

j'en fais mon visage

 

30

ta voix promise

j'en dis l'horizon

et la faille si douce

 

31

plus bas sans appui

dans le cœur du cœur noir

je m'écorche à ton étoile

 

32

la nuit tremble

et je la recueille

pour t'engloutir enfin

 

33

l'infini se lève

dans le cœur du cœur noir

avec le ciel ravivé

 

34

avec le cœur à l'écoute

dans la saison du souffle

aux confins de l'intime

 

35

le lait de l'éveil

dans le cœur du cœur noir

je l'offre à ta nuit

 

36

je te dis le très vif

le terme des étoiles

tout ce que le ciel voit

 

37

je te dis la source même

dans le cœur du cœur noir

où tout n'est que visage

 

38

pour un diadème de cendres

pour ce bleu de tombe

respirant dans ton regard

 

39

je te dis l'abîme et la vie

dans le cœur du cœur noir

je te dis l'unique égarement

 

40

sans fin sans mesure

dans le deuil de ton passage

où la lumière nous cherche

 

41

jusqu'à la toute adoration

dans le cœur du cœur noir

parcourus du même souffle

 

 

 

 

 

 

 

 

Zéno Bianu, in « Infiniment proche », in Infiniment proche et Le désespoir n'existe pas, préface d'Alain Borer, Poésie/Gallimard, réédition de février 2019, pages 81-87.

 

 

 

 

 

Joseph Sima, "Terre Lumière", 1967, huile sur toile.

Joseph Sima, "Terre Lumière", 1967, huile sur toile.

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