Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

aller aux essentiels

aller aux essentiels

L'atelier Poésie de Martine Cros


The Secret of Light - Le Secret de la lumière - James Wright

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 14 Juillet 2019, 16:30pm

Catégories : #James Wright, #Poésie de langue anglaise, #Sabine Huynh

Brigitte Palaggi, de la série "Les bancs" publiée dans la revue Nioques n°16

Brigitte Palaggi, de la série "Les bancs" publiée dans la revue Nioques n°16

 

 

 

 

 

 

The Secret Of Light

 

 

 

I am sitting contented and alone in a little park near the Palazzo Scaligere in Verona, glimpsing the mists of early autumn as they shift and fade among the pines and city battlements on the hills above the river Adige.

The river has recovered from this morning’s rainfall. It is now restoring to its shapely body its own secret light, a color of faintly cloudy green and pearl.

Directly in front of my bench, perhaps thirty yards away from me, there is a startling woman. Her hair is black as the inmost secret of light in a perfectly cut diamond, a perilous black, a secret light that must have been studied for many years before the anxious and disciplined craftsman could achieve the necessary balance between courage and skill to stroke the strange stone and take the one chance he would ever have to bring that secret to light.

While I was trying to compose the preceding sentence, the woman rose from her park bench and walked away. I am afraid her secret might never come to light in my lifetime. But my lifetime is not the only one. I will never see her again. I hope she brings some other man’s secret face to light, as somebody brought mine. I am startled to discover that I am not afraid. I am free to give a blessing out of my silence into that woman’s black hair. I trust her to go on living. I believe in her black hair, her diamond that is still asleep. I would close my eyes to daydream about her. But those silent companions who watch over me from the insides of my eyelids are too brilliant for me to meet face to face.

The very emptiness of the park bench in front of mine is what makes me happy. Somewhere else in Verona at just this moment, a woman is sitting or walking or standing still upright. Surely two careful and accurate hands, total strangers to me, measure the invisible idea of the secret vein in her hair. They are waiting patiently until they know what they alone can ever know: that time when her life will pause in mid-flight for a split second. The hands will touch her black hair very gently. A wind off the river Adige will flutter past her. She will turn around, smile a welcome, and place a flawless and fully formed Italian daybreak into the hands.

I don’t have any idea what his face will look like. The light still hidden inside his body is no business of mine. I am happy enough to sit in this park alone now. I turn my own face toward the river Adige. A little wind flutters off the water and brushes past me and returns.

It is all right with me to know that my life is only one life. I feel like the light of the river Adige.

By this time, we are both an open secret.


 

                                                                                                       Verona

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

James Wright, The Secret of Light, in Above the River, The Complete Poems, Introduction by Donald Hall, A Wesleyan University Press Edition, 1992, pages 302-303.

 

 

 

 

The Secret of Light - Le Secret de la lumière - James Wright

 

 

 

 

 

 

 

Le secret de la lumière

 

 

 

 

 

 

Je suis assis, content et seul, dans un petit square près du Palazzo Scaligere, à Vérone, et j’aperçois les brumes du début de l’automne qui dérivent et s’estompent parmi les pins et les remparts de la ville sur les collines au-dessus de l’Adige.

Le fleuve s’est remis des chutes de pluie de ce matin. Il restitue maintenant à son galbe sa lumière secrète, d’un vert perlé à peine nuageux.

Directement en face de mon banc, à environ trente mètres de moi, il y a une femme étonnante. Ses cheveux sont du noir que renferme le secret le plus intime de la lumière au cœur d’un diamant parfaitement taillé, d’un noir dangereux, d’une lumière mystérieuse qui a dû être travaillée durant de nombreuses années par un artisan soucieux et déterminé jusqu’à ce qu’il parvînt à trouver l’équilibre indispensable entre le courage et l’adresse qui lui permit de caresser la pierre étrange et de saisir sa seule chance de révéler ce secret à la lumière.

Alors que je tentais de composer la phrase précédente, la femme s’est levée, puis éloignée du banc. Je crains que son secret ne soit jamais révélé de mon vivant. Mais ma vie n’est pas la seule qui soit. Je ne la reverrai jamais. J’espère qu’elle mettra en lumière la face secrète d’un autre homme, de la façon dont quelqu’un a révélé la mienne. Je suis stupéfait de découvrir que je n’ai pas peur. Je suis libre d’offrir une bénédiction née de mon silence dans les cheveux noirs de cette femme. Je lui fais confiance pour continuer à vivre. J’ai confiance en ses cheveux noirs, en son diamant encore endormi. Je ferme les yeux pour rêvasser à elle. Mais l’éclat de ces compagnons silencieux qui veillent sur moi depuis l’intérieur de mes paupières est trop aveuglant pour que notre rencontre se produise.

Le vide même du banc qui fait face au mien me rend heureux. Ailleurs à Vérone, en ce moment même, une femme est soit assise, soit en marche, soit debout. Sûrement, deux mains soigneuses aux gestes précis, qui me sont totalement étrangères, prennent la mesure de l’idée invisible de la veine secrète dans ses cheveux. Elles attendent patiemment, jusqu’à prendre conscience de ce qu’elles seules peuvent savoir : cette fraction de seconde où sa vie suspendra son vol. Les mains toucheront les cheveux noirs fort doucement. Une brise venue de l’Adige passera devant elle en virevoltant. Elle se retournera, offrira son sourire amène et déposera dans les mains une aube italienne impeccablement formée.

Je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemblera le visage de l’homme. La lumière encore cachée dans son corps ne me regarde pas. Être assis seul dans ce square à cette heure-ci me convient parfaitement. Je tourne mon propre visage vers l’Adige. Une brise lègère s’échappe de l’eau en virevoltant, m’effleure au passage et s’en retourne comme elle était venue.

Je me contente de savoir que ma vie n’est qu’une vie. Je me sens comme la lumière de l’Adige.

À ce stade, nous sommes tous les deux un secret de Polichinelle.

 

 

 

 

Vérone

 

 

 

 

 

 

James Wright, The Secret of Light,

Traduction inédite de Sabine Huynh pour Aller aux Essentiels

 

 

 

 

The Secret of Light - Le Secret de la lumière - James Wright
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents