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L'atelier Poésie de Martine Cros


Quatre-vingtième annonce - Rodrigo Verdugo Pizarro

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 15 Décembre 2018, 19:30pm

Catégories : #Poésie de langue espagnole, #Passages en revues, #Rodrigo Verdugo Pizarro, #Extraits - Ressentis de lectures

Le poète

Le poète

À la mémoire de Patricio Valera


"Avant que ne tombe la nuit complète nous étudierons les taches sur les murs. Certaines semblent des plantes, d'autres des animaux mythologiques"

Nicanor Parra

 

 

 

Les augures tombent avec un parachute de paupières
Sur la poussière qui ne doit plus être réveillée chaque matin
Elles font un pas explosif qui nourrit les pierres tombales
Un rythme arachnéen hiverne dans nos syllabes
Quelque chose nous regarde de l'intérieur et ce n'est pas de la poussière
Car la poussière a déjà fait son ultime voyage
C'est quelque chose qui vient tel un volume quelconque
De ce ciel empêtré dans tant de dieux
Tel un volume quelconque depuis que nous avons emplumé l’anonymat
Les modistes tirent le meilleur parti de cette détention du rayon vestibulaire
Des machines renversées frappent le ciel
Dieu emporte sur son dos toute cette brume
Les augures tombent avec des parachutes de paupières
On leur a offert des porte-avions de quartz
On leur a offert les machines renversées où notre âme est vue avant notre naissance
Eux, ils ont commandé aux modistes un parachute de paupières
Elles, qui ont tiré le meilleur parti de cette détention du rayon vestibulaire
Ont exécuté la commande
Et voilà que les augures tombent
Sur cette poussière qui n'est pas ce qui nous regarde de l'intérieur
Ce ne sont pas les restes du jour qui frappent le ciel
Portés ensuite par les machines renversées dans une décharge
Oh vibration sans ciel,
Les cieux sont issus de cette beauté
Quelque chose nous regarde de l'intérieur et ce n'est pas de la poussière
Ce n'est pas non plus cette pureté qui ne s'est pas encore habituée à son arc
La poussière ne doit plus être réveillée chaque matin
Les augures s'approchent maintenant avec leur parachute de paupières
Une fois encore le travail des modistes est impeccable
Voyez comme ils planent dans l'air
Voyez le rythme arachnéen hivernant dans nos syllabes
Il se fait tard déjà et l'on doit montrer si les abîmes furent légitimes pour la nuit
On leur a offert un porte-avions de quartz  qu'ils pouvaient parfaitement porter en guise de ceinturons
Et planer aussi avec eux
Aujourd'hui c'est une tanière de machine renversée à l'intérieur des arbres
Gardons le silence
Nos âmes vont dévorer les arbres
Puis nous boirons à cette coupe de gros nuages où notre présence préserve du zèle des huiles
Préserve des expulsions et des disparitions
Nous boirons à cette coupe de gros nuages qui noircissent plus encore pour que nous buvions
Nous boirons tandis que les visages pleurent et ces larmes aussi nous les buvons
Ô dieu toute cette brume que tu portes sur ton dos
Pourquoi cet éclat veut-il  sacrifier à la mer?
Dieu tu portes sur ton dos toute cette brume et cette brume court sur ce qui ne peut pas te blesser
Regarde nos machines renversées dans une tanière à l'intérieur des arbres
Regarde les augures tombant avec leurs parachutes de paupières
Sur cette poussière qui ce matin ne devra pas être réveillée
Les pierres tombales nourries de pas explosifs
Qui sait pourquoi je pose des feuilles mortes sur toutes les syllabes
Je ne puis extraire tout le rythme arachnéen qui en elles hiverne
Je ne puis t'extraire de tout ce dans quoi tu as plongé, je ne puis laisser cette ombre épouvanter toute histoire
N'importe quel volume vient de ce ciel, oh ce ciel empêtré dans tant de dieux
Oh modistes, vous pouvez faire quelque chose de ce volume
Dans la mesure du possible quelque chose de semblable à ce parachute de paupières que vous avez impeccablement fabriqué pour ces augures

Vous qui avez tiré le meilleur parti de cette détention de rayon vestibulaire
Dites-moi quel prix vous demanderez et pour quand ce pourrait-il être prêt
N'attendez pas que ces machines renversées cessent de se retirer à l'intérieur des arbres  

Ni que les augures foulent la poussière, ni qu'ils nourrissent des pierres tombales de leurs pas explosifs
Je ne veux pas finir en portant une telle brume sur mes épaules
Je ne veux pas de ces restes du jour qui frappent le ciel en demandant à dieu de se blesser où il ne peut se blesser
Ni en me mettant des porte-avions de quartz pour le retour des machines renversées
Ni en emplumant l’anonymat
Ni en regardant de l'intérieur sans savoir
Si je suis poussière qu'on ne réveillera pas ce matin
Ou son dernier voyage.

 

 

 

 

 

 

 

 

*

 

Rodrigo Verdugo PizarroQuatre-vingtième annonce, traduction de l'espagnol (Chili) par Denise Peyroche, poème publié dans la revue "Les Hommes sans Épaules"45, Cahiers Littéraires, "Poètes chiliens contemporains",   mars 2018, pages 230-232.   

 

© Rodrigo Verduro Pizzaro et © La Voix des Autres

 

 

*

 

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