Hortense Damiron, Le Poète de "La dictée de l'Ange au Poète" - Sculpture en cire et technique mixte à Saint-Rumon - 57 x 35 x 54 cm
LE TRESOR
à Werner Lambersy
La vie a parcouru mes années négligentes
suivant, imaginés, illuminés par elle
l'amoureux enfantin et l'enfantine amante.
La main très pauvre était plus claire et plus savante
mais la voyante était la main la plus dormante
la plus ensevelie dans l'île et le trésor.
Page 295
REGARDS SUR ANTIGONE
pour Tristan
Quand la cage
devient l'oiseau
*
Eclairée
par le chêne intérieur
*
Dans la phrase obscure du temps
virgule
*
Son enfance dans les jardins
murmurants
murmurés de l'inceste
*
L'esprit de la légende
s'est retourné sur elle
*
Osant le cri
de la grive étranglée
*
Sur la route d'OEdipe
Antigone est le paysage
*
Intraitable
espérance
*
Je vous salue
Marie Colère
*
Plus d'argent
pour l'âge d'or
*
Fraise des bois
sous la feuille
fera mieux l'éloge du rouge
*
On ne peut pas rester flocons
il faut descendre dans la neige
Pages 298-299
L'OEUVRE
à Laurence Sartiano
Prière
patience
simplicité
et toi aussi, colère
d'écrire
avec les Grandes Mains
qui nous rêvent.
Pages 302
LA CIRCONSTANCE
Prisonnier d'un homme et d'un temps
Enfermé dans ma langue et le réseau de mes images
Je suis à tous, dit le poème, comme le ciel.
Pages 304
Henry Bauchau, extraits de "Heureux les Déliants - 1987-1995", in Poésie complète, Actes Sud éditions, 2009.
C'est un moment de bonheur où je communique avec une profondeur, avec un passé, tout en me dirigeant, de façon imprécise mais certaine, en avant. Ce bonheur, ce leurre offert à mon espoir par un amour véritable mais qui doit demeurer ignoré, est nécessaire pour que je continue à poursuivre mon entreprise, mon voyage, sans savoir où je vais. Car entre-temps j'ai plus ou moins perdue de vue mes peceptions initiales. L'esprit n'est plus orienté vers un but mais par le désir de s'enfoncer -- et peut-être de se perdre -- dans une matière. Matière verbale, matière d'images, de sons et de sens. Matière de l'écriture elle-même qui est toujours pour moi matière féminine. Cette matière attire l'esprit, le capte, l'attache. Il y entre pour renaître mais elle le lie à l'oeuvre, à la table de travail et à la nécessité d'un intense loisir qui le force à mettre entre parenthèses toutes ses autres préoccupations. Je sens un vif désir de sortir au plus vite de cet état de dépendance quand l'inévitable apparition du désespoir m'y replonge. Cet instant de désespoir est connu aussi du prosateur, mais il est plus intense pour le poète. La poésie dévaste la vie courante, elle la dénude, elle déborde le poème. La prose peut garder le souvenir de la source et avoir la prescience de l'estuaire. Le poème souvent le perd radicalement. Il m'amène parfois à vivre, à comprendre et à dire tout autre chose que ce que j'espérais exprimer en commençant. Il me force à parcourir tout le champ de mes contradictions et l'apparente opposition des contraires. A perdre la vision première, initiatique, qui devait m'aider à me découvrir, à retrouver l'objet perdu et à inventer, au-delà de sa banalité, la réalité de l'existence.
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Le jeu de la densité vibratoire de la matière et de la forme crée une aura autour de la sculpture, et telle un être vivant, celle-ci provoque des événements dans l'imaginaire de ceux qui la v...
Source de la photographie : le site de Hortense Damiron (La photographie de couverture de "Poésie complète" de Henry Bauchau est signée de cette artiste également)