Extraits de
Il n'y a pas de certitude
Depuis ce matin, depuis ce matin sans discontinuer, il pleut, et son crâne et la coque de son crâne se creuse avec la pluie, la dilue – elle – depuis ce matin, sans discontinuer, la pluie, et là, dans la coque creuse de sa tête, elle se demande, ou plutôt se formule en elle la question, qu'elle ne se pose peut-être pas, qu'elle ne note pas non plus et qu'elle oublie, qu'elle oublie parce qu'elle coule – la question –, parce qu'elle part avec la pluie et quitte ses pensées, se formule donc – sous une forme peut-être moins explicite, et plus diffuse que ce qui serait un pourquoi, pourquoi la vie vous fait parfois si mal ? et la question à peine éclose glisse comme ces gouttes sur les toits, alors que la douleur, la douleur rivée à cette question qui ne fut pas posée, la douleur aiguë soudée à ce pourquoi que la pluie a défait, la douleur – elle –, persiste, depuis ce matin, il pleut.
Page 31
Laisse-moi te dire que je suis Clytemnestre, que je suis brisée mais debout et garantie sans tragédie, te dire ceci seulement ceci j'ai désir de ton corps, Johnny, de ton visage, de tes échecs et de tes peurs, laisse-moi en être proche, laisse-moi être ce recueil cette paillasse pour tes heures de silence laisse-moi être timide et forte laisse-moi être celle que tu ne connais pas celle dont tu ignores tout celle que j'abhorre celle que j'ai perdue celle que j'ai tuée, j'aimerais te parler depuis ce désir, te parler depuis cette chambre qui aurait pu être la nôtre, j'aimerais te dire cette envie de n'être rien, cette envie d'être chienne sous ta main et enfant sous ta main et reine à ta place, je veux t'avoir à mes côtés, Johnny, je veux m'engouffrer toute dans ton corps te faire jouir en décalcomanie, je veux une nuit qui commencerait au matin sonnée de n'être qu'à toi, je veux une nuit qui soit l'heure complète du parcours de ton corps je veux une nuit qui soit ma vieillesse et plus encore mon amour je veux l'odeur de tes joies je veux dévorer tes viandes je veux boire tes eaux je veux cela encore, Johnny, toute la nuit faire la nuit et ton sommeil que je contemple, je veux le vertige de mon désir je veux arracher ta chair et sentir cette vague ce qui coule en moi quand tu coules en nous je veux faire des noeuds de ton sexe à en avoir le tournis je voudrais je veux je vais prendre Johnny pour nous pour moi pour toi mon amoureuse TU ENTENDS CE QUE JE TE DIS je veux prendre entre mes mains le visage de ta peur je vais prendre entre mes doigts ce qui est fragile en toi ce qui est brisé en toi ce qui s'élève à peine mais que je vois poindre je le veux à moi toute je veux moi qui serait toi je veux que tu m'enseignes je veux que tu m'accouches et me désenfantes SI TU M'ÉCOUTAIS SI TU ME REGARDAIS ON POURRAIT ON Y SERAIT PRESQUE je veux que tu m'épelles jusque dans la douleur je veux me laisser fendre me laisser défaire et découper et te mordre dans ta bouche je veux être en toi ton corps avaler ses peaux noires d'être tremblées je veux que tu t'engouffres en moi que je me dresse en toi que je détruise tout de toi C'EST LÀ DANS LA SCÈNE QUE NOS CORPS SE RAPPROCHERAIENT (…)
Pages 65-66
De Barbara Métais-Chastanier, deux pièces qui sont deux manières d'affronter le théâtre et de puiser en lui la force de dire ce qui ne peut pas se dire : soi-même qui s'invente à rebours des...
L'éditeur.
L'année sera assurément belle pour notre collection ThTr, cela commence dès aujourd'hui avec Barbara Métais-Chastanier et ses constellations : Il n'y a pas de certitude, suivi de La Femme® n'e...
Page de présentation.
arnaud maïsetti | carnets : THTR | Lettres à Barbara Métais-Chastanier
11 février 2018 Pour accompagner la parution de Il n'y pas de certitude, suivi de La Femme® n'existe pas ? de Barbara Métais-Chastanier, ces lettres écrites et adressées à l'autrice, entre ju...
Lettres écrites et adressées à l’autrice par Arnaud Maïsetti.
Un extrait, ici, de "La femme ® n’existe pas".
Comment vivre une vie juste dans un monde injuste ? C'est la question à laquelle tentent de répondre les trois personnages de la pièce, Antoine, Vincent et Alouna, chacun.e à sa manière. Nous ...
http://www.compagnie-interstices.com/pieces/nous-qui-habitons-vos-ruines
En tournée actuellement : cette pièce, avec un autre texte de B. Métais-Chastanier, mis en scène par Marie Lamarchère: "Nous qui habitons vos ruines".