L'été en plein coeur
Juillet flocons de paille voltigeurs
arômes de fruits mûrs
soufflés en bourrasques __ Eau
ruisselante torrentielle crachée par le ciel
larmes chaudes d'une terre meurtrie - S'entretuent
Abel et Caïn bras armé glaive vengeur
Juillet s'en est allé emportant mon coeur
Hier encore tu croyais tu rêvais __ folle tu étais ! --
tu respirais... de langueurs t'enivrais
Ô interminables nuits Ô voyages
- des lagons turquoise à l'Océan
ressacs d'écume blanche fracassant les rochers
guérissant ton âme chahutée écervelée
flux et reflux terre de sel - presque une île -
un refuge un élan un départ __ Voyage voyage...
Août en sa maturité tant espérée
tes ailes a brûlées __ Ce fut chant du cygne
tu le voudrais Phénix - mais
les cendres éparpillées à jamais restent froides
Et tourne tourne en ton esprit égaré
d'un train fantôme grincements grondements
__ Dis-moi Âme mon amie ma mie sommes-nous
si loin encore de l'inaccessible rivage __ Il s'éloigne
s'éloigne...
Tu griffes la voûte étoilée où roulent
nuages blancs nuages gris __ Perverse la lune
joue à cache-cache inonde ton coeur
émotions noires encore plus noires __ Et pourtant
quelle beauté démoniaque en cette traversée - immobile
t'entraîne la Voie lactée __ Jusqu'où ?
Tu crains que demain tout ne s'arrête
Août... le pilote a quitté le train
rideaux noirs sur les vitres tirés __ Tunnel __ où
ténèbres d'enfer t'engouffrent
- Tu te souviens Graham Greene
"The tunnel is long and dark,
but the end is bright ang light" __ Mais
où la Lumière espérée ?
Vite vite siffle le vent ! __ Mais tu l'aperçois
qui s'éloigne s'éloigne par d'autres alizés emporté
voile rouge sur les flots noirs
Françoise Ruban, extrait de Chorégraphie de Cendres, poésie,
éditions épingle à nourrice, avril 2017, pages 25-26.
-- Lire ici : à Satine, comme un écho. --
Il y a dans ce recueil l'évidence de l'offrande.
L'offrande c'est le sacrifice au sens étymologique du terme : "Sacrum facere". Faire du Sacré.
Il faut mourir à soi, aux préjugés et à la mort de l'autre pour, étant passé par sa propre mort, renaître enfin.
Martine Cros, "Abel et son Agneau" - détail -, tableau en cours, acrylique sur toile, 50x61, 22.03.18.
Les éditions épingle à nourrice.
Le blog de Françoise Ruban.