A propos de l'œuvre
Dans le Bosquet des Trois Fontaines, David Altmejd installe deux sculptures qui évoquent chacune des êtres en puissance où se jouxtent séduction et monstruosité. « Je sens que les choses existent uniquement lorsqu’elles sont paradoxales » dit-il. Un loup-garou, figure d’une transformation subite et d’une libération soudaine d’énergies incontrôlables, est assis en tailleur à la manière d’un sage. Une sculpture anthropomorphe faite de mains déplaçant la matière même dont elle est faite, représente un esprit démiurge pris dans un rapport charnel quasi érotique avec sa propre création. David Altmejd aime l’idée qu’« une énergie très intense puisse être enfermée dans un objet ». Ses créatures hybrides marient le grotesque et l’abject pour explorer les mondes du rêve et du cauchemar, du scientifique et du fantastique.
Dans le portfolio entre les pages 16 et 17 : une oeuvre de Dominique Petitgand, "Tout est bouleversé" - détail.
Ils pissaient sur le gazon.
Ils avaient vidé les bassins des plus gros brochets, attrapé des marcassins, hypnotisé des oiseaux. Trois par trois, ils forniquaient dans les bois, jouaient de la flûte et des castagnettes, sautaient, volaient, tombaient de haut en tapant du pied. Complètement nus, des fleurs dans les cheveux, des guirlandes aux épaules, déchaînés parce qu'un gros serpent mythique venait de se faire écraser sur la route. Ils avaient commencé à grimper aux rideaux, à s'en faire des robes, à piller la vigne, à piquer des tromblons et des cartouchières. La pelouse était pelée par leurs danses, ils buvaient dans le pédiluve et chatouillaient le dragon pendant son sommeil. Ils imitaient le python, le gros-groin, la perruche, ils se montraient leurs fentes et leurs queues, leurs pieds fourches, leurs jolies boucles, ils faisaient des concours, beaucoup de grimaces, des plaisanteries de vermine. On les a stoppés pendant la danse de l'urine. Net, comme ils avaient choisi d'être : pieds de bouc ou queues de poisson, hilares. Une bonne vasque sur la tête et tenez ça bien droit, qu'il en tombe une nappe mais pas une goutte. C'est un défi. Ils y tiennent.
Quand il pleut, ils reluisent. Quand il neige, ils pâlissent. Et comme tous les philosophes et les faunes du parc, ils se couvrent alors d'un drap sale serré au cou et aux pattes, pour cacher leurs larmes. L'ancien rapt de Perséphone la Redoutable les occupe tout au long de la saison froide. Ils commémorent. Ils plongent avec elle dans le Tartare infect où se rejoignent les extrémités de tout, ils suivent ses pas, traversent les cercles, croisent les morts comme dans les bois et conversent, car ils savent, ces enfants, ces marmousets, ces putti coincés dans leurs corps de nains dévolus à la joie, que le temps est une ruse de l'espace qu'il faut parcourir pour qu'il passe. Une expédition. Tout ici semble arrêté, tout fout le camp discrètement, continûment. L'immobilité est une technique délicate, cadencée, la mort un tourbillon de recompositions. Les extrémités de tout qui baignent dans la vasque du Tartare moisi bouillonnant d'Hadès sont des dénouements, des renouements, ni des débuts, ni des fins. Le monde n'a pas commencé, pas recommencé, ne s'est jamais arrêté. Il ne s'expanse pas, il se creuse. A partir d'un bois, une seule essence, d'une flaque d'eau croupie mal rangée, d'une poignée de gamins sans égards, deux ou trois outils, il s'est foré une mémoire.
Autant d'allées dans un dédale, de liens dans une tapisserie, de coups de ciseaux dans un bloc de marbre, de diminutions dans un thème musical.
Devant le Sphinx, celle qui a vu le jardin d'en haut saura répondre. Elle aura connaissance du passé, du présent et de l'avenir comme si elle avait tenu un instant dans ses mains les allées claires des bosquets, les rênes du char solaire, et accompli l'intégralité de sa course. Elle pourra rapporter l'histoire et rendre l'oracle. Par le bruissement des feuilles dans le vent, par le goût de la source, que les Muses soient avec nous, qu'elles nous accompagnent.
(...)
Céline Minard, extrait, début de Grenouilles en grands manteaux, nouvelle inédite, in Voyage d'hiver, catalogue d'exposition, une coédition Flammarion & Château de Versailles, 2017, p. 5-6.
Dans le portfolio entre les pages 80 et 81 : une oeuvre de Ugo Rondinone, "The Sun", 2017 gilded bronze, Ø 500 cm.
Le livre - catalogue d'exposition "Voyage d’hiver"
Château de Versailles | Long format - Voyage d'Hiver
http://www.chateauversailles.fr/grands-formats/voyage-d-hiver
L'exposition
Céline Minard : " L'homme, c'est l'imprévu "
Entretien avec l'écrivaine qui publie le Grand Jeu. Une femme s'aménage en montagne un refuge high-tech pour fuir la compagnie des humains. Entre récit d'aventure et conte initiatique, un roman ...
https://humanite.fr/celine-minard-lhomme-cest-limprevu-615753
Un entretien avec Céline Minard
Peter Pears & Benjamin Britten - "Winterreise" di F.Schubert, D.911 (1963)
Piano: Benjamin Britten - Tenore: Peter Pears, 1963 Testi di Wilhelm Müller: 0:00-5:46 Gute Nacht (" Fremd bin ich eingezogen "...) D.911-1 5:47-7:47 Die Wetterfahne (" Der Wind spielt mit der ...
https://www.youtube.com/watch?v=Nbq7ZAOcCrc&feature=youtu.be
Version avec Benjamin Britten au piano
Franz Schubert - Winterreise / Ian Bostridge and Julius Drake ( Entire )
Uploaded by FIRAT PİRSELİMOĞLU on 2015-07-16.
https://www.youtube.com/watch?v=xAShNLQzyxI&feature=youtu.be
Version plus "cinématographique" avec la voix de Ian Bostridge