ALLA FAVOLA
À LA FABLE
Di te, Finzione, mi cingo,
fatua veste.
Ti lavoro con l'auree piume
che vestì prima d'esser fuoco
la mia grande stagione defunta
per mutarmi in fenice lucente !
L'ago è rovente, la tela è fumo.
Consunta fra i suoi cerchi d'oro
giace la vanesia mano
pur se al gioco di m'ama non m'ama
la risposta celeste
mi fingo.
(1947)
De toi, Fiction, je me ceins,
robe infatuée.
Je te travaille avec les plumes d'or
dont se vêtit avant d'être feu
ma grande saison défunte
pour me changer en un phénix rutilant !
L'aiguille est braise, la toile est fumée.
Usée parmi ses cercles aurifiés
repose la futile main
même si au jeu de m'aime ne m'aime
la réponse céleste
je me feins.
(1947)
Elsa Morante, À la fable, in Alibi, Poèmes, édition bilingue, traduit de l'italien par Jean-Noël Schifano, nrf/Gallimard, 1999, p. 38-39.