Pier Paolo
Pasolini
Sonnets
Traduction et postface
de
René de Ceccatty
Édition bilingue
nrf
Poésie / Gallimard
- Trois extraits -
[36]
Pourquoi, je me demande, par quelle peur
Ou terreur d'infériorité, pour quelle mystérieuse
Occasion, avez-vous accepté avec une aussi pure
Bonne volonté et immuable détermination
Le destin que l'Ange de la Vie Obscure
Vous a annoncé, sans rien vous cacher ?
Quelle que fût la vie, c'était la vie : et son sens
Demeure, comme la seule belle réalité.
Ainsi vous ai-je trouvé dans un village de bicoques
Avec sa boue, sa fontaine publique.
[36]
Perché, mi chiedo, per quale paura
o terrore di inferiorità, per quale occasione
misteriosa accettaste con tanto pura
buona volontà e irremovibile decisione
il destino che l'Angelo della Vita Oscura
vi annunciò, senza nascondervi niente ?
Comunque la vita fosse, era la vita : e ne dura,
come unica bella realtà, il suo senso.
Così vi trovai in un villaggio di baracche
col suo fango, la sua fontanella.
Pages 78-79
[47]
La page que je tourne, écrite comme au beau temps
Produit un souffle léger, d'éventail,
Et qu'est-ce qui bouge dans l'air ? Le bonheur ?
Rien qu'un instant, c'est vrai – et puis voilà
Réapparaître vos chairs renversées, en désordre,
Comme celles d'un homme mort, abandonné,
Dans ma vie, que je ne parviens
Jamais à bouger, que je pense ou non à vous –
Les chairs lourdes de Ninetto
Avec les demi-cercles de ses yeux,
Toutes ces boucles, pour qui chaque chose
Est une distraction, comme pour un chien qui n'est
plus un chiot –
Maintenant tout est manque de bonheur
Et voué à la résignation.
[47]
La pagina che volto, scritta come ai bei tempi
ha un leggero alitare, di ventaglio,
e che cosa smuove nell'aria ? Felicità ?
Un solo attimo, è vero – poi ecco
riapparire le vostre carni riverse, in disordine,
come quelle di un morto abbandonato,
nella mia vita, che non riesco
mai a smuovere, che vi pensi o no –
le carni pesanti di Ninetto
con i mezzi cerchi dei suoi occhi,
tutti quei ricci, per cui è una distrazione
ogni cosa, como per un cane non più cucciolo –
ora tutto è mancanza di felicità,
e destinato alla rassegnazione.
Pages 100-101
[63]
Je voulais simplement dire
Des choses directes et douces, d'envie,
Pour de vieux mariés, les figures humaines
Que j'ai toujours vues comme liées par un lien veule –
Je voulais parler de leur amour – qui dure
Des dizaines d'années – quand il va disparaître
Comme une étoile qui sillonne le ciel –
Je voulais dire que de lui survit
Quelque chose qui en fut l'illusion,
Et certainement pas la réalité : un simple pacte, – qui
pourtant
Était ce qui lui accordait son nom –
Du mien ne restent en revanche que les obscures
Raisons pour lesquelles il est né –
Il n'eut aucune bénédiction.
[63]
Volevo semplicemente dire
cose dirette e dolci, d'invidia,
per dei vecchi sposi, le figure umane
che ho sempre viste come strette da un legame vile –
Volevo dire del loro amore – che dura
decenni – che quando sta per sparire
come una stella che riga il cielo –
volevo dire che di esso sopravvive
qualcosa che fu la sua illusione
non certo la sua realtà : un semplice patto, – che pure
era ciò che gli dava il nome –
Del mio restano invece solo le oscure
ragioni per cui è nato –
Non ebbe alcuna benedizione.
Pages 132-133
Sonnets - Poésie/Gallimard - GALLIMARD - Site Gallimard
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L'éditeur
"En cinq épisodes, nous vous proposons de découvrir le cinéaste, le poète, l'engagé, le dramaturge, l'homme."