Nul ne sait que je suis étrangère.
Que disent de toi tes mains ouvertes et singulières?
Les paroles sont fugaces et l'oubli sans ambages.
Que disent de toi tes mots quand ils gravent la terre?
Le souffle et la cendre, voilà ton héritage.
Nous nous reconnaîtrons ou bien nous nous perdrons.
Instant d'éternité à l'aube du voyage
Écrire c'est incarner la parole éphémère
De nos dieux immortels, c'est laisser un message
Une esquisse infidèle, inscrite dans la poussière.
Nul ne sait que je suis étrangère.
Nimu un la sà che sò eiu a barbara.
Chì dicenu di tè e to mani aperte e singulare?
E parole fughjidicce è u scordu senza tante manere
Chì dicenu di tè e parole quand'elle assolcanu a terra?
Soffiu è cenera, eccu a to lascita.
Ricunnosce ci o allora perde ci.
Attimu d'eternità à l'alba di u viaghju
Scrive ghjè incarnà a parola sventulata
Di i nostri Dii immurtali, ghjè traccià un missaggiu
Una prova ingannadora, stampata indè a fulena.
Chì nimu un la sà chì eiu sò a straniera.
L’autre / L’altra
de Catherine Getten-Medori,
in
Terres de femmes / Terre di donne ,
12 poètes corses,
Sous la coordination d'Angèle Paoli,
Bilingue français-corse,
Collection Hêtraie, Éditions des Lisières, juillet 2017,
Pages 20 et 21.
- Note : ce poème est extrait du recueil de Catherine Getten-Medori, D'écorce et de brume, d'écume et de braise, paru aux éditions Arzilla ; il a été traduit en corse par Lucia Santucci -.
Une note sur le recueil, par Alain Nouvel
Source de la photographie