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L'atelier Poésie de Martine Cros


Les Charités d'Alcippe - Marguerite Yourcenar

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 27 Juillet 2017, 18:15pm

Catégories : #Extraits - Ressentis de lectures, #Marguerite Yourcenar

Les Charités  d'Alcippe  - Marguerite Yourcenar

 

 

 

Marguerite Yourcenar


 

Les Charités

d'Alcippe


 


 

nrf

GALLIMARD

1984


 


 


 

"Alcippe offre son cœur aux Sirènes, son âme aux statues de marbre, son corps aux morts et, déjouant ainsi la Mort, existe à tout jamais dans ce qu'il a donné. Tel est le thème du poème qui donne le titre à ce recueil. En tout cinquante-cinq pièces, écrites entre 1929 et 1963. Ces poèmes empruntent des formes régulières : alexandrins, hexasyllabes, octosyllabes, rimes plates, rimes croisées, sonnets... On y reconnaît l'inspiration de l'écrivain amoureuse de l'antiquité grecque, de l'Italie de la Renaissance mais qui se veut aussi à l'écoute de son temps."

Quatrième de couverture du recueil Les Charités d'Alcippe


 

 

 

 

LES CHARITÉS D'ALCIPPE


 

- Quatre extraits -


 


 


 

[…]


 


 


 

J'ai vu son tiède sang rosir la mer immense,

Comme un soleil blessé qui s'immerge en vainqueur ;

Laissant derrière lui le vide et la démence,

Je l'ai vu s'engloutir dans la nuit qui commence,

Et j'ai cessé de voir ce qu'on nommait mon coeur.


 


 


 

[…]


 


 


 

Les dieux grecs lamentaient leur beauté toujours vaine,

Lassés de tout l'encens d'eux seuls inaperçu,

La tiédeur des beaux soirs n'emplissant pas leur veine,

Et, sous leurs pâles fronts ceints d'ache et de verveine,

La douleur d'exister sans l'avoir jamais su.


 


 


 

[…]


 


 


 

Ils réclamaient de moi l'amalgame d'atomes

Qui nous sert de support aux fureurs du désir,

Le cheval galopant dans les charnels royaumes,

Que montent tour à tour des cavaliers fantômes

Et qui mâche en bavant le sel chaud du plaisir.


 


 


 

[…]


 


 


 

Tout ce que j'ai cru mien se dissout et chancelle :

Dénouant sans mourir les noeuds intérieurs,

Comme un chant échappé d'un grand violoncelle,

Qui dans l'air amorti se déroule et ruisselle,

Je ne me trouve plus qu'en me cherchant ailleurs.


 


 


 

[...]


 



 

1929

PP. 8-9-11-12

Note : l'intégralité de ce poème d'ouverture est donnée à lire sur le lien ci-dessous - site de Gallimard -


 

Les Charités  d'Alcippe  - Marguerite Yourcenar

 

 

 

FERME PROPOS


 


 


 


 

Ni s'abriter du jour sous l'arbre des ténèbres,

Ni mordre dans les fruits le doux corps de l'été,

Ni baiser longuement sur leurs lèvres funèbres

Les morts évanouis et las d'avoir été.


 

Ni pénétrer, transis, au coeur froid des algèbres,

Ni clouer sur le vide un masque illimité,

Ni sous l'oubli massif coucher des os célèbres

Et verser son néant dans un cercueil vanté.


 

Ni caresser, Amour, ta gorge consentante,

Ni brûler son désir au feu noir de l'attente,

Ni tendre à la douleur un garrot résigné.


 

Ni lever vers le ciel des mains inexaucées,

Mais porter avec soi dans la nuit sans pensées

L'immense creux d'un coeur où la vie a saigné.


 


 

1930 (1932)

P. 24

 

 

 

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