"la pièce vide seulement le vase les fleurs", F. Mayröcker / Henri Fantin-Latour, "Oeillets", huile sur toile
Friederike Mayröcker
SCARDANELLI
Traduit de l'allemand (Autriche)
par Lucie Taïeb
Postface de Marcel Beyer
Traduite de l'allemand par Aurélie Le Née
Atelier de l'agneau
Collection transfert
2017
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avec Scardanelli
au fond de ta bouche, à l'époque
quand l'hirondelle sait-elle que le printemps
vient de nuit en pluie tu perds tes aiguilles contre ma fenêtre je
suis allongée éveillée je pense aux après-midis aux
minuits enlacés, il y a bien des années ces boules de jardin les
brebis sur la plaine sombre du ciel
19.1.08
*
et assis sur le banc parmi pins et buissons nous ne nous embrassions
pas nous tenant bien plutôt par la main, en crépuscule 1 forêt : 1
refuge « mamelon » à Winterbach en 55 je crois, là sur les prairies
aussi demeuraient ces brebis, et désormais après tant d'années
années de larmes en plein hiver petites feuilles pointent (« où
pointaient les violettes cachées ») sous le store à demi
relevé ma petite bible mon cornet pourtant
partout je t'épousais
22./23.1.08
Pages 16 et 17
*
comme 1 x encore elle agitait sa main pour l'a-
dieu comme 1 x encore j'agitais la mienne pour l'adieu à savoir
au même instant, nous pensions sans doute toutes deux aux
paroles du poète Confucius « au moment de l'adieu l'hôte
devait rester devant sa porte jusqu'à ce que son invité ne se
retourne plus... »
tandis que le lilas ondulait, tandis que tombaient les pattes du merle tandis que
l'ami plantait un figuier, tandis que le chant de l'alouette s'enfuit vers les fleurs ainsi
toujours mon coeur, Scardanelli. Naturellement les camélias et les baisers de l'ami,
l'ascension de sa voix (Maria Callas) ces petites herbes dans la forêt de Teutberg lorsque par
la fenêtre du train (je me croyais) parmi les flots des hépatiques (tout comme) –
lorsque nous gravissions la côte qui menait aux chaumières du Leopoldsberg à
savoir éclat des printemps dès que l'esprit se peint, poétise, et strophe Soleil rétive,
tandis que le lilas ondule
pour Christel Fallenstein
3.4.08
Page 34
*
sois toi, auprès de moi dans ma langue Folie tu as
pressé sur mes cheveux les petites couronnes de fleurs lorsque j'étais 1
enfant. Par le clair de lune étais éblouie par l'éclat de
lys du St. astre dont la face, qui renverse des mers
et les appelle et de nouveau les laisse, avait été
explorée bien avant ce jour où main dans la main nous avons fui
à travers les bois buissons roseraies oh de telles extases.
Et me tendis la main à l'époque comme nous dé-
valions l'escalier, l'escalier en pierre, pour que je ne tombe pas
j'aime ton âme esprit St. corps oh sois auprès de moi
en ma dernière heure comme le moineau prend son envol au-dessus
de la haie comme lune et pluie forêt et souffle du printemps 1
dernière fois m'embrasseront et qu'en pleurant je devrai dire
adieu à l'éclat de la terre petites feuilles coeurs de peuplier
jamais ce ne fut pour moi 1 vallée de larmes. Même en haillons
de dentelle et laurier rose, et langue chaude de bouche en
bouche et slumber
(ainsi je prends congé de ce monde, « et tu soignais
mon âme qui avait devant toi reverdi » Augustin)
5.8.08
Page 55
(…)
En lisant le mot en majuscules : « la/LUMIÈRE » et « chèvrefeuille clématite et doigtier digitale », je me souviens que Hölderlin a été soigné, après son internement à la clinique d'Autenrieth mi-septembre 1806, avec des infusions de feuilles de belladone et de digitale. Et le vers « 1 sachet de thé est INRI » me revient à l'esprit.
(…)
Et je me souviens que le doigtier, Digitalis purpurae, se dit en anglais foxglove, « gants de renard ».
(…)
Et j'apprends qu'avec saint Jérôme, Hölderlin et le recueil Scardanelli parler signifie adoucir et écrire signifie traduire.
Pages 64, 65, 69.
in la postface : « En lisant dans Scardanelli... » par Marcel Beyer
"mon regard tombe sur les fleurs rouges dans le verre", F. Mayröcker / Henri Fantin-Latour, "Roses thé et roses rouges dans un verre", huile sur toile, 1881
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SCARDANELLI - Atelier de l'Agneau
AUTEUR : Friederike Mayröcker TRADUCTRICE (de l'allemand d'Autriche) : Lucie Taïeb Postface de Marcel Beyer traduite par Aurélie Le Née
https://atelierdelagneau.com/transfert/203-scardanelli-9782374280035.html
L'éditeur - et un extrait de poème -
En écho...."Les étés de Hölderlin"....
Dans les jardins étrangers - En attendant Nadeau
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/05/09/jardins-etrangers-mayrocker/
Un article sur le recueil par Mireille Gansel
Friederike Mayröcker: Scardanelli - planet lyrik @ planetlyrik.de
http://www.planetlyrik.de/friedericke-mayrocker-scardanelli/2010/06/
Un article sur "Scardanelli" de Mayröcker, par Planet Lyrik, en allemand
Un article - en allemand - sur le dernier recueil de l'auteur, "fleurs", non encore traduit en français, paru chez Suhrkamp, Berlin
Un article de Lucie Taïeb - de 2013 -
Henri Fantin-Latour-Artwork Prices and Auction Results | Blouin Art Sales Index
http://artsalesindex.artinfo.com/artists/Henri-Fantin-Latour-53548.ai
Source des peintures de Henri Fantin-Latour
8 février 2008 | Friederike Mayröcker, Scardanelli
" Poésie d'un jour Éphéméride culturelle à rebours SUR LE COBENZL ce petit coin de terre où l'hydrant peint en bleu : clapote tandis que les cimes des chênes vers le Cobenzl : gravissant le ...
Un autre extrait du recueil sur Terres de Femmes.
Avec Lucie Taïeb (voix, traductions) et Hannes Buder (guitare)
Actualité : le 8 mars 2018, une lecture-concert sur la traduction des poèmes de Friederike Mayröcker.