1er novembre 2016
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Tes lèvres j'arrose
De BLEU audacieux
Prélude précoce
À ma Vierge évanouie
Femmes, Croix, rêves linceulés,
Vous recouvrez l'Enfer avec témérité.
Sous le VERT D'ORPIN émergent
Vos humaines carnations, et,
Même DE PLOMB, le BLANC,
Comme mon voeu, blêmit.
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Puis le désir d'une paix immense surgit,
Accordée, harmonieuse, à l'image qui monte.
Comme le tableau naît sans l'atelier, l'écrire.
Monte l'image, vaste au demeurant : Vierge à l'enfant, Mère, Femme à l'enfant, et toujours ce désir, est-ce le fait de peindre : toucher quelque éternité.
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Dans la traînée BLANC DE PLOMB, rompue, épaisse, des ROSES doux et des SANGUINES, des OCRES JAUNES et JAUNES CITRON – juste un effleurement de BLEU DE PRUSSE au bas – Le NOIR viendra par ses esquisses.
Un visage d'enfant levé, rieur, se tourne vers sa mère qui prolonge son rire, lui prodigue l'amour ; en l'amour l'enfant rit. La mère se tient debout devant l'enfant, son bras se tend vers son visage. De sa main, avec l'envers presque de celle-ci, elle caresse le menton de l'enfant qui rit.
Entre eux, il y a cette confiance que rien ne brise. Ni la mort. Ni la vie. C'est la confiance éternelle de la maternité et de l'enfantement. L'oeuvre est aussi un enfant.
Ainsi, dans TOUT amour.
Dans la confiance, le don est tel qu'elle a sa propre lueur. Elle chatoie par ce qui vient de l'intérieur de la couleur, de la lumière. Qu'on reçoive ou qu'on offre, dans la confiance, il y a TOUT amour.
Il – elle – est rose CINABRESE incarnant la demeure intime de l'amour dans la chair ; ce ne sera pas la chair qu'on verra, ce sera la beauté de la confiance
Il – elle – est JAUNE CITRON, pour la joie déroulée dans le pigment pur.
Il – elle – est OCRE JAUNE ou TERRE DE SIENNE ; provenant des veines de soufre, il – elle – est l'amour qui souffre dans les veines des silences, que la confiance sait broyer avec d'infinies tendresses.
Et dans les veines qui ont souffert l'amour coule plus lumineux.
Il – elle – est rouge SANGUINE, SANGUINE forte, solide ; elle est l'évidence – dans sa matière première, noire ou violacée, puis, en un peu d'eau qui l'abreuve – un regard –, elle semble un diamant d'étoile –
J'ajouterai certainement des traits rouge LAQUE en rehauts des roses et des ocres, en contreforts maladroits. La maladresse est capitale : rehaussant l'ensemble du tableau, elle fonde l'harmonie générale.
Pas d'harmonie sans maladresses.
– D'ailleurs les esquisses se feront à la main gauche –
Fils joyeux, tu le sais bien
Et dans la confiance absolue de ma bonté me pardonne
Alors le tableau sera ainsi : un NOUS
Un noué de couleurs qui déclinent l'amour sur la fresque diurne
La nuit, elle, monte doucement bercer l'oeuvre qui sèche sans être même née.
Extraits du Journal de bord de création – JBC -
Le noir viendra par ses esquisses : Raffaello Sanzio dit Raphaël, "Sainte Catherine d'Alexandrie", esquisse au fusain , Musée du Louvre, Paris