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aller aux essentiels

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L'atelier Poésie de Martine Cros


AMOUR - 7 - CHRISTOPHE TARKOS

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 18 Juillet 2016, 20:04pm

Catégories : #Extraits - Ressentis de lectures, #Christophe Tarkos, #Amour, #Christian Prigent

AMOUR - 7 - CHRISTOPHE TARKOS

 

 

 

AMOUR

 

7

 

Ma chérie, mon amour, mon père, ma fille, ma beauté, ma princesse, fille, joliesse, mon dieu, ma soeur, comment vais-je m'adresser à toi, toi qui n'existes que dans mon coeur, excuse-moi de ne savoir comment m'adresser à toi dans ce désir de t'envoyer ma pensée, te parler, je n'ai jamais parlé à qui n'existe pas encore, qui est dans mon amour, je t'aime, toi que je ne sais encore, comment m'adresser, toi qui ne peux répondre, toi que j'aime, toi à qui je m'adresse d'amour, je t'aime toi que je ne sais nommer, à qui je ne sais comment m'adresser, tu ne peux répondre, comment te parler ma chérie, mon amour, mon père, je t'aime, je veux te parler. 

 

 

 

 

 

 

 

Christophe Tarkos,

AMOUR 7in OUI,

in Ecrits poétiques, éditions P.O.L.,

novembre 2008, page 225.

 

*

 

Sitôt

que possible:

 

AMOUR

 

8

&

9

 

AMOUR - 7 - CHRISTOPHE TARKOS

 

 

 

Extraits

de la préface

par

 

Christian Prigent

 

(Février 2008)

 

***

 

Sokrat à Patmo

 

***

 

 

(...)

 

Comment penser ça

 

 

"Les sentiments ne sont rien, les idées non

plus, tout est dans la motilité."

Artaud

 

 

   En resterait-on là qu'on aurait décrit un formalisme virtuose, une poétique ludique et autotélique. Voilà qui ne rendrait compte que très partiellement de l'effet Tarkos.

  Quelque distance qu'ils prennent par rapport à la déclarativité, au réalisme descriptif, au vouloir dire assertif, au lyrisme confidentiel ou à l'expressionnisme exacerbé, les poèmes de Tarkos ne disent pas rien. Bien sûr, ils disent d'abord ce qu'ils font : ils sont métapoétiques, souvent malicieusement agencés comme des allégories de leur propre mouvement ( voir la leçon qui clôt la fable de la passoire : "je ne sais pas si j'arriverai à traverser la langue"). Mais ils ne renoncent pas toujours à la confidence subjective (Je m'agite). Surtout : ils montrent effectivement un monde. Ils posent un décor trivial qui est notre vrai monde (celui dont l'idéalisme mièvre et l'emphase an-historique de ce qu'on appelle poésie ne veulent souvent rien savoir). Ce décor, ils le nomment dans sa langue (ils ne concèdent rien à l'esthétisation lexicale de la poésie, pas plus qu'à la sublimation métaphorique qui s'y associe d'ordinaire). Et, de ce monde, ils peuvent aussi parler, dans une perspective critique tantôt frontale (la question du droit et celle des ouvriers sans-papiers dans Ouvriers vivants),tantôt ambivalente, dérangeante à force d'ingénuité affectée, en fait grinçante et parodique (L'argent, Drogue...).

 

(...)

 

La langue roule, seule, "face à la grande substance". Et le réel, "recouvert par la pâte de langue", relégué dans l'in-signifiance, définitivement innommable, s'absente de la parole.

   Rien d'affectivement ni d'idéologiquement stable ne tient, face à cela -- et l'ambivalence règne. D'un côté : un deuil mélancolique (on a renoncé à "trouver une langue", à "rémunérer les signes"), une jubilation mauvaise à opposer un babil régressif à l'infidélité des moyens d'expression et l'aura, tout autour, d'une morbidité livide : "Je suis tout blanc, ma pensée me devance, elle est loin devant, elle se balance comme elle l'entend, je suis entièrement blanchi." D'un autre côté : une lucidité goguenarde, une fraîcheur débarrassée de toute "rage" d'expression, le lever d'une sorte de matin calme du dire, l'étonnement narquois devant l'afflux des choses, des êtres, des pensées dans le flux de l'écrit, un monde remodelé par l'élasticité de la patmo -- et l'idée que tout cela doit être "efficace, efficient, utile", a vocation à "faire du bien" et, comme disait Francis Ponge, veut "donner à jouir à l'esprit humain".

 

 

 

 

Pages 18-21      

 

 

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