Paru en mai 2016
Polisseur d'étoiles
Oeuvre poétique complète
de Federico García Lorca
dans une traduction nouvelle
à une seule voix de Danièle Faugeras
avec des encres d’ Anne Jaillette.
Chez
PO&PSY in extenso
érès
in Livre de poèmes
1921
Nid
1919
Qu'est-ce qui me reste en ces
Moments de tristesse ?
Hélas ! qui dévaste mes forêts
Dorées et fleuries ?
Que vois-je dans le miroir
D'argent troublé
Que m'offre l'aurore
Sur l'eau du ruisseau ?
Quel grand orme d'idée
A-t-on coupé dans ma forêt ?
Quelle pluie de silence
Me laisse tout ébranlé ?
Si mon amour, je l'ai laissé mort
Sur le triste rivage,
Quels ronciers me cachent
Ce qui vient de naître ?
p. 173
in Suites
1920 - 1928
Suite des miroirs
Symbole
Le Christ
tenait un miroir
dans chaque main.
Il multipliait
son propre spectre.
Il projetait son coeur
dans les regards
noirs.
Je crois !
Le grand miroir
Nous vivons
sous le grand miroir.
L'homme est bleu !
Hosanna !
Reflet
Dame Lune.
(Il s'est fendu ton tain ?)
Non.
Quel enfant a allumé
sa lanterne ?
Il suffit d'un papillon
pour t'éteindre.
Tais-toi... Mais est-ce possible ?
Cette luciole,
c'est la lune !
Rayons
Tout est éventail.
Frère, ouvre les bras.
Dieu est le pivot.
Réplique
Il suffit d'un oiseau
qui chante.
L'air démultiplie.
Nous entendons au moyen de miroirs.
Terre
Nous marchons
sur un miroir
sans tain,
sur un cristal
sans nuages.
Si les lys naissaient
à l'envers,
si les roses naissaient
à l'envers,
si toutes les racines
regardaient les étoiles,
et si le mort ne fermait pas
ses yeux,
nous serions comme des cygnes.
p. 197 - 199 (extraits)
Le jardin des brunes
Fragments
Portique
L'eau
frappe son tambour
d'argent.
Les arbres
tissent le vent
et les roses l'imprègnent
de parfum.
Une araignée
immense
fait à la lune
une étoile.
p. 206 (extrait)
in Poème du cante jondo
1921
Procession
Par la venelle s'en viennent
de bien étranges licornes.
De quelle campagne,
de quelle forêt mythologique ?
De plus près,
on dirait des astronomes.
De fantastiques Merlins
aussi l'Ecce Homo,
Durandarte enchantée,
Orlando furioso.
Paso
Vierge avec crinoline,
Vierge de la Solitude,
ouverte comme une immense
tulipe.
Sur ton bateau de lumières
tu vas
vers la haute marée
de la ville,
parmi troublantes saetas
et étoiles de cristal.
Vierge avec crinoline
tu vas
par le fleuve de la rue,
jusqu'à la mer !
in I
Poèmes isolés
Pour l'anniversaire de R.G.A.
Couronne poétique ou
bracelet de fleurs
Dédiée à Rosa Garcia Ascot
Eté
Cérès a pleuré
ses larmes d'or.
Les profondes blessures
des charrues
ont donné des grappes
de larmes.
L'homme, sous le soleil,
récolte le grand pleur
de feu.
Le grand pleur du Christ
nouveau né.
(Croix.
Ixe.
Flamme.)
Cérès est morte
sur le grand champ.
Sa poitrine
criblée de coquelicots.
Son coeur
criblé de cigales.
p. 766 (extrait)