I
Fée et le Froid
(...)
là nous, figures de pierre,
et nous aussi d'herbes figures et, même,
figures couchées le long dans l'herbe
et si peu que je m'allonge avant la fin des temps,
et non fin du sommeil, et oui fin du sommeil ;
le Froid, et Fée, déjà qui rejoindre...
dans les pierres où nous serons assises
de chair nous nous pencherons,
pierres nous entrerons les pierres :
la nuit est belle,
là et toujours pas dans la nuit froide
ni moi, ce n'est pas moi encore la nuit belle
(...)
(Extrait pages 13-14)
III
Les pas de Juliette même seule
(...)
A l'entrée, à ce jour (déjà après le bal),
les robes baignées encore, léchées encore,
des bougies à terre du bal entre les pas seules haltes.
Aux pas de Juliette même seule.
A terre d'immense déjà, aux fenêtres dorées,
dans la nuit de verre, de ne se rejoindre,
où, terres franchies, on vienne ?,
mais même qui ne se rejoindre on ne se le soit pas dit,
on soit les figurées même de verre, que du visage au visage,
avant qu'éclairées les lueurs aux lueurs, ici les pas éclairés,
à l'entrée, les mers glaciales, sous nos fenêtres, à la fin
(l'entrée jamais que de l'auberge,
jamais de l'herbe bousculée à la fin où de mon long me coucher,
pas avant et pas après, toujours nôtre le temps) ;
(...)
(Extrait pages 23-24)
Jacques Estager
Fée et le Froid
Editions Lanskine, 2016
Photographie : statue aux jardins de Versailles – Décembre 2015
"Fée et le Froid" sur Les Carnets d'Eucharis, par Nathalie Riera