Robert Delaunay, 1885-1941, Fenêtre sur la ville, 1912, Huile sur toile, cadre en bois de sapin peint, Kunsthalle, Hambourg
J'allume un feu à l'intime des jours
Je m'y réchauffe un peu
y lis quelques poèmes.
Brûlés.
De vertes tranches de blancs lambeaux
de ciel que je longe encore
parsèment
mon regard, me soufflent de rentrer
- Mais, non, leur dis-je dans un rire avisé,
je ne suis plus le Petit Poucet.
Dans l'ourlé pourpre des ténèbres
je défais une à une les coutures d'or
de traversées glacées de pluies, de virginaux nocturnes
Puis tisse des constellations
plus recueillies
qui amplifient l'attente,
assignent
la fenêtre des âmes où chantent des pèlerins joyeux
à la fleur de soleil,
impunément.
Martine Cros Poésie
Sonia Delaunay a relaté la genèse de ces œuvres : “Robert voulait regarder en face le soleil de midi, le disque absolu. […] Il se forçait à le fixer jusqu’à l’éblouissement. Il baissait les paupières et se concentrait sur les réactions rétiniennes. De retour à la maison, ce qu’il cherchait à jeter sur la toile, c’était ce qu’il avait vu les yeux ouverts et les yeux fermés ; tous les contrastes que sa rétine avait enregistrés. – Sonia, je vois les points noirs du Soleil… Il avait découvert des taches en forme de disques. Il allait passer de la couleur prismatique aux formes circulaires”. Sonia Delaunay, Nous irons jusqu’au soleil, Robert Laffont, 1978, p.44.