Qu'importe mon ombre ! Qu'elle me coure après ! Moi -- je me sauve d'elle.
Friedrich Nietzsche - Zarathoustra - 1880 -
Edvard Munch, Solen [Le Soleil], 1910-1913, Huile sur toile, 162 x 205 cm, Munch-museet, Oslo, Norvège
Gouttes d’hiver : dans le souffle du vent encore un filament de froid me glace dans le rêve ; n’est-il pas de longue soirée qui maintenant s’allonge vers ton ombre ; de ces jours linacés je tente d’émaner ton visage clos de pâques bleues ; les écorchures d’alizarine brûlent mes doigts que tu rends fabuleux ;
qui gémit de moi lorsque s’éloigne ton absence sans que l’horizon n’étreigne tes feuillages ;
quelque oiseau noir de bougie s’étiole dans le lin ; son vol rempli de mort chante un certain passé que la sonate en do bémol majeur galbe d’étangs et de forêts ; tu dis sans bruit se dissipe un nuage d’or ; et c’est hors de l’amour, tant il bouleverse le paysage, que je t’attends.
Martine Cros Poésie
sans bruit se dissipe un nuage d’or : in Conversion du mal, Rêve et folie & autres poèmes, Georg Trakl, Ed. Héros-Limite, Genève, 2009, p.59.