Variations VII
Prisonnier
dans l'entrelacs appris
de la singularité
tu apprends
repères perdus
les énigmes privées de fins
Variations XIX
Humanité grandie
brume du rêve ouverte
en toi
tu remues
sang secoué
l'opaque
Dans le lointain du rêve -- Déclinaison II
Héritier
fin fond de la Terre jailli
du temps détruit
le soleil supendu
occupe
dans la permanence de la vie vivante
tout
Note:
Pas de présentation pour ces oeuvres, ce que nous ne regrettons pas forcément, car nous y entrons de plein pied, sans analyses ni tamis, comme dans un recueil de poésies & de peintures à part entière.
Une grande impression nous saisit à la vue de ces 32 dessins "gouache sur papier" -- et 2 autres "mixed média" et" acrylique" --.
Pour la couleur, nous traversons des noirs & blancs presque laqués, des noirs bleutés - un noir profond, par exemple, entrelacé d'un bleu Yves Klein -, des délavés de bleu de prusse ou outremer -- certains avec un accent violine --, des déclinaisons subtiles de gris et de beige- rosé, pour terminer sur la fin du recueil sur des beiges dorés, beiges vert-de-gris, touches d'ocre jaune ou de terre de sienne frôlant l'orangé.
Pour ce qui est du graphisme, le dessin varie des taches mouvementées qui rappellent les floraisons d'un Cy Twombly aux linéaments quasi géométriques d'un Dubuffet, d'un vitrail Art Nouveau, d'un méli-mélo de cordes ou cordages proche de la bande dessinée. Le trait passe par-dessus / par-dessous des brumes noires où, stylisé, il fait apparaître ici une main, là une gerbe de chardons laineux, par des dégradés de matières, des transparences plutôt, évocatices de forêts ou de marécages, par des branchages luxuriants ou décoratifs, par des sortes de spirales, escaliers, voûtes, dignes des estampes anciennes -- comme chez un François Houtin --
L'impression d'ensemble nous entraine dans un univers fantasmagorique qui évoque des paysages ou des lieux fabuleux -- forêt de Brocéliande, plumages persans -- ou sacrés, de par quelque ligne aux accents chagalliens notamment.
Un mot sur la texture du papier : d'un blanc cassé doux, elle est épaisse, rainée et soyeuse, et donne toute sa profondeur et son intensité aux couleurs et aux tracés. Une belle qualité d'impression.
Les 34 textes, eux, se déclinent en 24 variations, puis 4 déclinaisons du poème : Vie Minuscule suivies de 4 autres déclinaisons du poème : Dans le lointain du rêve.
Par rapport à la luxuriance des gouaches, les poèmes, courts, paraissent dépouillés. Ils semblent commenter le dessin mais pas forcément. Ils en appellent plus à la compréhension qu'à l'émotion. Peu de métaphores, pas de lyrisme, des mots stricts qui tendent vers le philosopher, voire vers l'universaliser. Les vers sont minimalistes et nous laissent parfois dans l'obscurité de quelque chose d'impalpable -- "tu nais / vent à écouter / de toi-même" -- Mais n'est-ce pas le dessein de la poésie de nous donner un lieu pour réfléchir, ou qui nous réfléchisse ?
Dessins de Marianic PARRA & Textes de Jean-Pierre PARRA
Festival Permanent des Mots Hors série 2015
Revue menée par Jean-Claude Goiri
Maquette : Joë Fernandez
Marianic Parra, Jean-Pierre Parra, artiste, artist, poetry, poésie, théâtre, playwriter, plasticien
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Le site des artistes, avec une vidéo sur le livre.
Festival Permanent des Mots | Les Hors-Série
Nous écrivons pour topographier nos territoires afin d'en abolir les frontières. Parce que rencontrer l'autre, c'est se soulever tout à fait.
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