Eloge de la faille
Finalement la nuit est là pour nous rappeler combien est fragile la lumière combien sa voix peut être emmurée par l'aveuglement de qui nous regarde soudain lorsque l'amour en nous porte cette lumière à notre bouche les barbares exècrent l'incandescence et les baisers, et ce qui se prononce de trop intime : la pure voix, la voix farouche ils la fouettent, puis ils regardent ailleurs là où les lâches rampent à leurs pieds
Il y a une voix à l'intérieur de la voix la voix du consentement au désir dont l'onde gravit la peine et soudain enfoncement de quelque chose d'une urgence qui cesse un naufrage presque honteux sur le geste quotidien aiguë est mon âme lorsque se prend mon corps entre les doigts de ces violences aiguë est la voix qui proteste, aiguë est la voix qui jouit grave est le pleur
Paroxysme des abyssales contusions qui jamais ne sont unes et uniques mais multipliées jusqu'à l'immersion des sens dans la faille du mensonge
Des femmes douces s'épluchent au bain de minuit ablutions faites des titans, compte-rendues, elles s'ouvrent quelqu'une a-t-elle pleuré dans l'abandon ? Ou est-ce novembre qui vient flageller les pieds encore nus ? Dans l'aube il va falloir marcher, pourtant
Le ciel s'empourpre d'émeraude et c'est la nuit la luz va venir faire sa philosophie la grande vague sera là, avec ses mots brisés comme des vieilles digues mais avant qu'elle ne me submerge en marge quelqu'un a tendu la main quand la voix parle, quelque chose veille sur ce qui s'écrit de la vague et quelque chose pleure dans la main, qui console, comme un éloge inattendu