Les caches de sang en fait champs déserts
les fleurs de géranium carte de randonnée sanglante balayée
du trottoir floraison de sang feuilles restes de bosquets de fleurs
la vapeur du soir blanche cloche peau ou éphémère
bonde de la nuit comme cela coule dans la gorge
la peau miroitante du ruisseau dans le village entraîne mon regard
treillage camarade orage sous le cadran de l'horloge cage de la fenêtre
dans le crépuscule du soir haies fauchées gris-vert par
l'attelage des sorcières / les gondoles de fleurs
escalier par-ci escalier par-là sous une artillerie de sureau le long
du pont ferrovière cet
homme sombre avec un chapeau à large bord cet
homme dans les champs de marguerites ce compère des larmes
cet astre lunaire
ou cocon de pâquerettes marche cette lune ou cet homme
dans le brouillard un reflet dans son regard et j'appuie : une
agave : sur ma poitrine sa poitrine ---
en thalasso le ruisseau ?
les cheminées fument au loin étoffe blanche une silhouette
blanche un vert floconneux une nuit d'yeux le sommet
effrangé l'épicéa du jardinet une volière / perçois les perruches
les minuscules mouches essaim de moucherons un cône
violet à l'horizon ma lanterne penchée c'est-à-dire
le phlox l'anémone dans le jardin sombre abandonné
flammes du lis orangé une faucille dégouttant dans le
Parc Espéranto lu au peigne fin
« Reise durch die Nacht » | © Chtistophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon : les procédés cinématographiques utilisés par Katie Mitchell dans « Reise durch die Nacht » donnent une force exceptionnelle au texte de Friederike Mayröcker, servi par une interprète magistrale.
"Every cloud has a silver lining"
nom encore et toujours remémoré mnémotechniquement !
à pas de / en vol de corneilles creuse à la pelle le soleil, le
ciel couleur topaze le 2 novembre en arrière-plan d'un nuage
: ("cloud"). Jaune surgissant du petit jour rayonnant
sur les murs : effet Tolède ou jardin anglais
l soleil laisse percer sa lueur : l blondeur laisse percer sa lueur
l bordure d'argent : auréole. En larmes.
Apparaissant dans les petites feuilles tombées d'un robinier l silhouette
d'oiseau sur le trottoir
Silhouette multiple : le conflit la confluence d'
OBJETS DE LUMIERE ou de JETS DE LUMIERE affluant dans mes
touffes gauche et droite de nerfs et de cils.
Friederike Mayröcker
Traduit de l'allemand (Autriche) par Jean-René Lassalle
In Revue Europe, mai 2015
Le premier poème est extrait de Das besessene Alter (Suhrkamp, 1992)
Le second de Notizen auf einem Kamel ( Suhrkamp, 1996)
La poésie de Friedericke Mayröcker
De Chanson sans paroles aux études
Depuis ses premiers textes à quinze ans, en 1939, F.Mayröcker a publié plus d'une centaine de livres, abordant tous les genres, du roman à la pièce radiophonique en passant par l'essai et la littérature pour enfants. Dans cette vaste production, la poésie occupe une place de choix. En 2004 est paru sous le titre Gesammelte Gedichte un recueil rassemblant, de manière chronologique, l'ensemble des poèmes de 1939 à 2003. Après cette date, quatre recueils de poèmes ont été publiés : Scardanelli, dieses Jäckchen (nämlich) des Vogel Greif, Von den Umarmungen (1) et études. Regroupant au total plus de 1500 poèmes, ces ouvrages révèlent l'importance et la variété de sa création poétique. Ils dévoilent les débuts, influencés par le symbolisme, puis la période expérimentale des années soixante et soixante-dix, avant le retour à la poésie du vécu dans les années quatre-vingt. A partir des années quatre-vingt-dix, on remarque le rôle croissant de l'intertextualité, qui conduit à une écriture du palimpseste dans le recueil Scandanelli et au principe de variations intratextuelles dans les études.
(...)
Dans ce tourbillon de références extérieures, émergent des sources privilégiées, telles que Jandl, Derrida ou Hölderlin. L'oeuvre de ce dernier a même conduit à la rédaction du recueil Scandanelli, qui développe une écriture du palimpseste.
(...)
Ce principe d'écriture remet en question la délimitation des textes, comme le faisait la virgule, les deux points de suspension, typiquement mayröckeriens, ou l'abréviation "usw." / "etc." à la fin des poèmes dans les années quatre-vingt-dix et deux mille. Il représente la caractéristique majeure d'une oeuvre inclassable et dont il est difficile de dessiner les contours (...) car elle tente d'échapper à toute forme de systématisation, ce qui constitue sa grande richesse.
Extrait d'un article d'Aurélie Le Née
Revue Europe, mai 2015
(1) : ce veston (en effet) de l'oiseau griffon, Des étreintes.
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Publications de Aurélie Le Née - Cairn.info
Variations sur les formes. Les sonnets dans le recueil Idyllen d'Ernst Jandl
https://www.cairn.info/publications-de-Le%20N%C3%A9e-Aur%C3%A9lie--127299.htm
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Comment j'ai traduit Cruellement là de Friederike Mayröcker
Par Lucie Taïeb Friederike Mayröcker, née à Vienne en 1924, est aujourd'hui reconnue comme une écrivaine majeure, dans l'espace germanophone et au-delà. Traduite dans une dizaine de langues ...
http://ifverso.com/fr/content/comment-jai-traduit-cruellement-la-de-friederike-mayrocker