(retravailler)
je ne marche plus.
la moelle de l'amour ne loge plus dans mes colonnes
mon temple est effondré dans un présent de peu
mon temple. ruine sans nom ni lieu
plus l'amour m'échappait plus mes doigts
perdaient le sens du toucher et du dire
je louais un piano au beau milieu du monde
et c'est d'un autre amour dont me parle l'échine
qui soudain me ferait reprendre des couleurs
une autre émotion qui ne me falsifie pas
et c'est une heure exquise
un moment où s'estompe
soleil derrière moi le crépuscule attend
je fumaille un cigare et j'attends comme lui
que le monde s'en aille s'arracher de moi
il va. à perte de vue à perte de dire
j'y entends quelque oiseau et cela me suffit
pas plus belle musique que d'une gorge pure
lorsque je n'ai plus de pensée définie
que tout de moi prie je respire à nouveau
me viennent les mots d'évidence et d'espace
je ne les pense pas
ils s'inscrivent d'eux-même
dans les carnets maudits
que mon coeur sonorise
ils ont la permission de
m'évoquer un peu
déranger mon chaos vespéral
j'ai l'impression parfois d'être le dernier homme
de devoir le dire à quelqu'un
au cas où le premier viendrait prendre une place
dans ma disparition
beauté de l'instant là
la moitié des possibles
je suis la mélodie et je sers le scherzo
je suis le beau milieu d'une ligne de bord
j'ai juste parlé d'amour et je me suis giflée
j'ai juste dit le vrai et je purge ma peine
que dois-je rendre pur
encore sinon rengaines,
mon enracinement dans une terre d'actes
qui ne nous soient pas vains
(in Les Etres inachevés)