(à la Tarkos)
Sur les plaines de grande solitude
Le ciel ordonne ses chevaux de brume
Poussés par le vent sur le ventre en désir
Un vallon sans soldat ni sans mort ni sans mot
et des pas mille feuilles de pas feuilles écloses ou pas
des pas épars des pas perdus dans d'autres pas d'autres trouées d'autres verdures échouées
des requiem entiers de pas maladroits pas assurés mal ajustés ne pas regarder le passé dans ses pas
pas de reines pas de rois des troubadours en marche des passants ? non des veilleurs
des passeurs
de pauvres pas des pas de l'art des flèches d'arc des rais de ciel
écoutez écoutez la musique de toutes ces empreintes de désert
des passages de la douleur – comme elle peut m'étreindre!
des passages à gué où le soleil radieux nous baigne de chaleur
des passages d'infinie douceur où nous perdons notre âme – traversés
que nous sommes de tous les pas d'enfants qui marchent en nous vers la mort
tous les pas à venir les pas à pas les pas de deux – de moi à toi je ne sais pas
de toi à moi oui pour une fois je demande l'amour à genou sous mes pas intranquilles
pas des champs pas des villes écoutez la musique de mes mains mains ouvertes paumes sises
poignets souples et lents à la mesure de leur miséricorde
écoutez les cordes de mes pas qui chancèlent vibrent pas de cordes funambules de pas
somnambules regards à ces repas de pas aux tables d'amoncelles où même le chandelier chancelle
pas de mots inventés dans ces pas qui ne se résigneront pas
rebelles de pas réfutant la vie absurde des pas des pâmés crue et haute sera la sentence
hors de ma vue hors de mes pas de mes champs de mes mains de mes paumes qui chantent
hors de mes mots , brigands de pas morts pour moi!
écoutez cette voix de tuba note à note sur le chemin du lâcher-prise
prise de tête prise de pas passes de judoka O prends moi dans tes bras
écoutez cette fleur que je jette et qui chute sur le cercueil immanent
de l'indifférence pas de mon armure lacrimosa de pas robes de parade
écharpes de cascades
écoutez comme je froisse tous les pas toutes les mains tous les linceuils comme je pétris
les pas de dieu les pas des anges les pas de glaise dans votre silhouette de géante
Sur les chants de grande solitude
Une cavalière de brume repousse la guerre
Dans les ordres du vent et sans mort et sans mot
Offre au ciel mon ventre sans désir