Qui sait si ce que nous écrivons vient de nous
Quel souffle nous traverse et de quelle source notre pensée jaillit-elle qui tient les rênes de l’inspiration renouvelle en nous chaque jour l’intuition que nous éprouvons à regarder entendre les choses vivre qu’il faut les écrire
Rainer te souviens-tu Kerouac nous lisait des haïkus pendant que je tentais de pénétrer les entrailles d’une déclaration
J’écrivais :
sans mot déclarer avec regard
ce qui n’égare pas à pas ouvrir à l’autre
les pétales du passage vertical parois à mains nues
m’agrippe glisse sans m’enliser pour une fois
offerte sans pudeur enfin libre le temps d’un paysage
le plus beau pays qui soit
tempe posée entre les seins
Cette femme Lorena tu sais Rainer toi qui aimais aussi plus fort qu’écrire
mais écrire est une question de vivre tu m’as lu une élégie je n’ai rien entendu
D’oreille que pour m’abandonner au vent magique au souffle le mot que peint
le corps trop occupé à l’absence le mot incessant d’être vécu et qui sera perdu
dès l’aube d’une certaine manière
à mains nues je m’agrippe à
la verticale des légers trop légers dégradés de la vie tu t’allonges alors
l’horizon est à moi le temps d’un pays
vers ton souffle mon âme j’épouse et meurs à la fois je ne suis aucun cachot
seule moi-même sous mes mains engourdies ne peux éteindre feue la plaine
que je viens de traverser
noir violet noir et rosace de beiges longue ballade
dans les brumes de tes forêts ton sourire me fixe s’y maroufle le mien
Et l’estuaire de la nuit
J’entends les oiseaux s’ébrouer dans le gazouillis de l’aube je pose ma tempe
entre tes seins le temple de ma tempe Aux entrailles des mots
je prête ma déclaration dans la nef d’un soupir
Le sacrement n’est pas donné là où on croit
À propos Kérouac nous lisait-il des haïkus
Toujours la fente et la falaise
et le mot proie de venin.
Toujours le temps du pays
Est-il libre qu’il y a pleur
aux frontières Et la perplexité.
Toujours comme la déclaration
ne doit jamais n’être aucun doute.