Poètes contemporains
A LA DERIVE
Recueil, choix, coordination,
Nicole Barrière
avril 2015
De quelques poèmes,
quelques extraits
Quête
Les arbres tombent
Sous le poids de papillons vieillis
La mer figée fauche les vies
Et des ailes sans oiseaux
Nous pleuvent au travers des yeux
(...)
Cristina Castello, p.26
A ceux dont on ne sait même pas s'ils sont partis
(...)
Piétas émaciées enlaçant chiffons inertes
mortes déjà avant l'horreur
éphèbes prometteurs
terrassés aux soubresauts du désespoir
Des chairs des nerfs des ventres
et des cerveaux
porteurs des signes de mondes forts
en leurs vouloirs
(...)
Françoise Coulmin, p.29
Fragments d'exil, nous
(...)
J'apprends ton évangile
toi
l'audacieux décentrement / l'autre de tous mes je
tu te noies et seule je ne peux rien faire
mort inexpliquée de la lumière / fusillée l'onde
avant de mourir tu
demandes à la mer : le Christ
a-t-il vraiment vécu
(...)
avant de mourir tu
demandes des ailes à nos yeux
pour naître nouveau
la parole de Mathieu / ici, là / quelques Portes
de paradis
si nous avions appris plus tôt
à les ouvrir / ces Êtres qui semblent des portiques
dit- nous
"Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger"
voici l'amour brûlant de ceux qui ne se tairont pas
dit-nous
'j'avais soif, et vous m'avez donné à boire"
voici les ponts de mots les cathédrales de soupirs
qui doivent s'élever à la bouche des ordres
(...)
sept milliards d'exilés
des utérus de nos mères
de nos yeux de faussaires
de l'amour quand celui qui aime
n'est aimé en retour
des siècles à venir
des mots sans funérailles
des marches animales
des aubes endormies
du chant de Monteverdi
de Sylvia la poésie
du violoncelle qui chatoie
entre les cuisses
blanches et nues
de Sonia
de l'exil lui-même
prenant conscience que
Sonia n'est pas là où il croit
(...)
de l'Opéra fabuleux
(...)
Martine Cros, p.31/35
Complainte du réfugié
I
(...)
Sans fin je remue les cendres de mon passé :
j'y cherche l'écho de mon âme
enfoui sous la douleur
J'espère un trou dans le réel
une valeur inusitée de la matière
pour ressusciter les miens
pour délivrer la terre
de la mémoire des guerres et des bourreaux
(...)
III
Dans la torpeur morose de l'exil
je rêve encore à des espoirs insensés
Mais mon regard rebondit
contre les parois d'un monde bizarre
- libre à ce qu'on dit
où les lumières des enseignes
ont remplacé les étoiles
(...)
Des tombereaux de sable noir
ont envahi le pli de mes paupières
(...)
Dominique Fenies, p.41/43
D'autres extraits,
bientôt