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aller aux essentiels

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L'atelier Poésie de Martine Cros


Génération perdue, Klaus Mann

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 15 Octobre 2014, 11:20am

Catégories : #Extraits - Ressentis de lectures

Le livre

Le livre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout était compliqué, car ils vivaient dans des milieux très différents. Il faisait pendant la journée un travail de prolétaire, peignait des clôtures de jardin, des maisons, réalisait aussi des affiches choquantes pour le Parti. Il rencontrait ses camarades, ses amis politiques, mais plus aussi régulièrement qu'autrefois. -- Elle affirmait certes travailler sérieusement à ses tableaux, mais en réalité, elle faisait le matin une promenade à cheval avec Boby, passait ses après-midi dans les salons de thé et ses soirées dans les bars, ou alors, elle avait des invités. Elle était toujours entourée des gens les plus louches de la ville. Elle adorait se savoir objet de scandale. On allait jusqu'à lui tourner ostensiblement le dos quand elle arrivait dans un théâtre. Toute la bonne société s'indignait de sa liaison avec la baronne rousse.

Jak était au courant de ses problèmes d'argent, il en souffrait, peut-être même encore plus qu'elle. Il commença à l'aider en lui donnant d'assez petites sommes, pourtant il gagnait très peu d'argent et ne voulait rien demander chez lui. Elle le laissa faire, sans s'embarasser de scrupules. Il travaillait dur, et elle, pendant ce temps, se commandait son quatrième smoking.

La baronne ne cessait d'intriguer contre lui, une fois ou deux elle avait même obtenu de Gert qu'elle refuse de le recevoir. Elle lui expliqua froidement qu'il la tourmentait en lui demandant des comptes, bref elle en avait assez de lui. Il cria, se tordit les mains, mais, au fond de lui-même, il savait qu'elle avait besoin de lui.

Elle l'appelait son fiancé, c'était ainsi : ils restèrent fiancés. Ils ressentaient la gravité de ce lien, il ne s'agissait pas d'une alliance ironique pour ébahir le monde. Ils ne se demandaient plus s'ils s'aimaient, ce mot leur était étranger et sans importance. Mais ils sentaient qu'ils avaient besoin l'un de l'autre. Ils se savaient semblables. Malgré leurs façons très différentes de se comporter, ils se savaient frère et soeur dans l'âme.

 

 

 

 

 

 

 

 

Klaus Mann, Génération perdue, extrait,

illustré par Pascale Hémery,

aux éditions du Chemin de fer, novembre 2009

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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