Sonate n° 20 de Schubert
Sonate au polaroïd
A la nuit dérobée
il y a des sons si douloureux et beaux
qu'à leur seuil, je ne divulgue
mes pas à personne.
Je les détachais hier de l'écorce des pins, des safran
coquillages, qui faisaient des
coupelles. Elles
recueillaient mon regard.
L'éloignement me ferme les yeux maintenant, je quitte moi et non-moi
Mes pas sont des notes paisibles, sombres, dont le chant ne finit pas
Les ondées de discours s'écoulent dans la fosse des drames, la sonate et l'eau ondoient,
elles, à travers tous mes cailloux, qu'elles érodent.
Détachées, les peaux inutiles de l'esprit s'éveillant
rendent l'aphasie plus perceptible, et je dois garder mon sang
froid pour me taire justement
L'indomptable
prend les voiles rouges du désir
dans les gorges de lumière d'un profil
l'instant d'un polaroïd.
Dérobée par la nuit, je garde les portes, je les ouvre
quand le cours du temps veut passer. Je veille sur la mélodie.
Martine Cros