J'ai peur parfois qu'il n'y ait
plus rien à dire
Comme mon cher Rimbaud
je trouve ce monde vieux. Rien de
neuf n'est possible
et tout a été dit
Ce que je vois de ces querelles
de clochers : des sons pâles
qui ne battent plus la campagne
La seule grâce n'est-elle
pas que l'être
puisse vivre en paix,
où qu'il naisse ?
Je suis lasse d'aller vers
ces bras humains et étrangers
alors que ballants
ils pendent la beauté haut et court
Lasse d'attendre que la lumière
m'appelle pour me donner
de ses nouvelles sans me dire
qu'elle est si pressée
qu'elle ne me parlera
qu'un instant à peine
Les mots ne me viennent plus
que d'un amour impossible
Dois-je alors encore
les prononcer ?
J'ai si peur souvent de n'avoir
plus rien à dire
Car dire
est ma vie
Et ton regard
un si lointain souvenir que
lorsque l'horizon s'allonge
pour s'endormir,
je te cherche infiniment
par delà
tout le vespéral.