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aller aux essentiels

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L'atelier Poésie de Martine Cros


Matin

Publié par http:/allerauxessentiels.com/ sur 15 Mai 2014, 07:30am

Catégories : #Portraits - Autoportraits

 

 

 

 

 

"Ce n'est rien ! j'y suis ! j'y suis toujours."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Rimbaud en premier communiant,

don de la Fondation Catherine Gide. Musée Rimbaud. DR.

 

 

 

 

 

 

Matin

 

 


 

 

 

 

N'eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse, à écrire sur des feuilles d'or, — trop de chance ! Par quel crime, par quelle erreur, ai-je mérité ma faiblesse actuelle ? Vous qui prétendez que des bêtes poussent des sanglots de chagrin, que des malades désespèrent, que des morts rêvent mal, tâchez de raconter ma chute et mon sommeil. Moi, je ne puis pas plus m'expliquer que le mendiant avec ses continuels Pater et Ave Maria. Je ne sais plus parler !

Pourtant, aujourd'hui, je crois avoir fini la relation de mon enfer. C'était bien l'enfer ; l'ancien, celui dont le fils de l'homme ouvrit les portes.

Du même désert, à la même nuit, toujours mes yeux las se réveillent à l'étoile d'argent, toujours, sans que s'émeuvent les Rois de la vie, les trois mages, le cœur, l'âme, l'esprit. Quand irons-nous, par-delà les grèves et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la fin de la superstition, adorer — les premiers ! — Noël sur la terre !

Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves ne maudissons pas la vie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arthur Rimbaud, Une saison en enfer

 

 


La "Saison" est la seule de ses œuvres que Rimbaud ait menée jusqu'à l'impression. Toutes les éditions reprennent l'originale de 1873, publiée à Bruxelles chez Poot. La rédaction est datée : "avril-août 1873", à la fin du volume.

 

 

 

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Et toujours l'oeuvre numérisée sur Gallica 

ainsi qu' Arthur Rimbaud le poète 

 

 

 

Dans Rimbaud ivre, un article sur "Rimbaud ou le meurtre du père Hugo, par Jacques Bienvenu" 

 

Extrait:

 

 

 

Le mathématicien et poète Jacques Roubaud publiait, en 1978, un livre - La Vieillesse d’Alexandre - qui donnait au poème « Qu’est-ce pour nous …» un rôle décisif dans l’histoire de la poésie. Il se plaçait d’un point de vue peu compris à l’époque, celui de la métrique, et jugeait que ce poème marquait le moment précis d’une "catastrophe": la destruction de l’alexandrin. Il expliquait que certaines caractéristiques du vers alexandrin concernant la césure à l’hémistiche y étaient « massivement » niées. Par ailleurs, il exprimait l’idée d’un rapport entre la parole du poème, qui est destruction, et la destruction métrique. Il invente l’équation : alexandrin = ordre social. Ainsi détruire l’alexandrin équivaut à détruire l’ordre social. On trouve ici la pensée typique d’un mathématicien habitué à trouver une structure commune à deux schèmes distincts et à les relier.

 

 

 

 

 

Le poème :

 

 

 

 

 

"Qu'est-ce pour nous Mon Cœur..."

 

 

 

 

 

 

 

"Qu'est-ce pour nous, Mon Cœur, que les nappes de sang

Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris

De rage, sanglots de tout enfer renversant

Tout ordre ; et l'Aquilon encor sur les débris

 

Et toute vengeance ? Rien !... — Mais si, toute encor,

Nous la voulons ! Industriels, princes, sénats,

Périssez ! puissance, justice, histoire, à bas !

Ça nous est dû. Le sang ! le sang ! la flamme d'or !

 

Tout à la guerre, à la vengeance, à la terreur,

Mon Esprit ! Tournons dans la Morsure : Ah ! passez,

Républiques de ce monde ! Des empereurs,

Des régiments, des colons, des peuples, assez !

 

Qui remuerait les tourbillons de feu furieux,

Que nous et ceux que nous nous imaginons frères ?

À nous ! Romanesques amis : ça va nous plaire.

Jamais nous ne travaillerons, ô flots de feux !

 

Europe, Asie, Amérique, disparaissez.

Notre marche vengeresse a tout occupé,

Cités et campagnes ! — Nous serons écrasés !

Les volcans sauteront ! et l'océan frappé...

 

Oh ! mes amis ! — mon cœur, c'est sûr, ils sont des frères —,

Noirs inconnus, si nous allions ! allons ! allons !

Ô malheur ! je me sens frémir, la vieille terre,

Sur moi de plus en plus à vous ! la terre fond,

 

Ce n'est rien ! j'y suis ! j'y suis toujours."

 

 

 

 

 

 

 

 

A.Rimbaud, 1872.

 


 

 

 

 

 

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Ernest Pignon-Ernest, 1978, Rimbaud dans Paris 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

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